Woman Shaper for Life Initiative (WOSHLIN) ambitionne de contribuer à l’autonomisation de la femme et des filles dans les régions septentrionales du Cameroun. C’est dans les bâtiments de l’école franco-arabe du quartier Souari de Garoua, que nous avons assisté ce 13 août à l’une des séances de conseils pratiques, avec les membres de l’association.
La région du Nord fait partie des zones d’éducation prioritaire (ZEP) au Cameroun, avec environ 55% des femmes non instruites, selon datacameroon.com. Les traditions et coutumes locales tendent toujours à donner plus de responsabilités aux femmes, dès leur bas âge, en ce qui concerne la gestion des tâches ménagères, plutôt que d’acquérir de l’instruction.
Source: ONG Humanium/DataViz by ADISI-Cameroun (février 2020)
Mais des OSC (Organisation de la Société Civile) locales, comme c’est le cas de WOSHLIN, sont entrain de fournir des efforts significatifs pour faire changer la donne. Au bout de 4 ans du projet de dispensation d’enseignements, l’association vient d’enregistrer un taux de réussite de 100% au Certificat d’Etudes Primaires (CEP), pour le compte de l’année scolaire 2023-2024.
L’Objectif pour le Développement Durable N°4 est pourtant clair : « D’ici à 2030, éliminer les inégalités entre les sexes dans le domaine de l’éducation et assurer l’égalité d’accès des personnes vulnérables, y compris les personnes handicapées, les autochtones et les enfants en situation vulnérable, à tous les niveaux d’enseignement et de formation professionnelle ».
Cours d’entreprenariat social par un employé du MINPROFF, ce 13 août 2024, dispensé aux membres de l’association WOSHLIN.
Une mission que Yasmine Ahmadou s’attèle à poursuivre depuis 10 ans, en tant que présidente de l’Association WOSHLIN Cameroon, mais également Députée jeune du département de la Bénoué. Elle nous a confié qu’en parallèle au programme d’alphabétisation, « l’objectif final est d’arriver à former les femmes pour leur autonomisation dans l’apprentissage de petits métiers tels que : l’hôtellerie restauration, teinturerie coloriste, la fabrication du savon, la transformation des déchets agroalimentaires en charbon écologique… ». L’association bénéficie de l’accompagnement institutionnelle et technique du Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) , mais au vue des besoins qui se font ressentir, les moyens financiers sont toujours sollicités, pour soutenir divers initiatives promues par la présidente.
Atelier pratique d’hôtellerie restauration, exercice de dressage de table, sous le regard de la formatrice Mme Essimi, restauratrice de profession.
Un suivi qui ne s’arrête pas aux études primaires, Faouzia Ibrahim Fall est membre de l’association depuis 3 ans, et étudiante à l’Université de Garoua. La jeune fille se montre disponible pour contribuer à la formation des autres membres de l’association, tout en acquérant des connaissances pour s’améliorer dans le domaine de l’auto-entreprenariat dans lequel elle s’est lancée pour arrondir ses fins de mois. Parlant de la situation des femmes de sa région, elle déclare : « ce n’est pas chose facile d’instruire des personnes âgées, surtout des femmes qui ont leur famille à gérer, mais la présidente de l’association fait beaucoup de sacrifices pour y parvenir ».
Faouzia Ibrahim Fall : » l’expérience acquise auprès de WOSHLIN m’aide déjà à monter un plan d’affaires, même avec un petit budget. »
Samira Ousmanou, membre de l’association en tant que formatrice dans la transformation agroalimentaire, a immédiatement épousé l’idée qui consiste à donner une valeur pratique à l’apprentissage : « le tout n’est pas de savoir lire et écrire, une fois qu’elles sont alphabétisées, c’est facile de concevoir pour elles des brochures imagées, pour qu’elles puissent conserver les processus de fabrication à leur portée ». Les cours en vue d’obtenir le CEP sont dispensés 3 fois par semaine, en cours du soir, par 2 enseignants bénévoles, au sein de l’école franco-arabe du quartier Souari, à Garoua. Les femmes pouvant bénéficier des cours sont prioritairement celles en situation de handicap , des veuves, des orphelines, ou celles vivant dans des conditions d’extrême précarité.
Atelier pratique de fabrication et de cuisson d’une bouillie enrichie aux graines de souchet, à l’aide d’un support didactique, par la formatrice Samira Ousmanou.
L’alphabétisation de la femme et de la jeune fille, particulièrement en situation de vulnérabilité, est un facteur essentiel au développement durable. Selon l’Unesco, les deux tiers des adultes analphabètes dans le monde sont des femmes, une proportion qui tend à se réduire. L’instruction accordée à la gente féminine aurait des conséquences positives pour la baisse du taux de pauvreté, une meilleure compréhension des risques d’exposition aux maladies, la réduction de la mortalité infantile, une implication significative dans les activités génératrices de revenus, sans oublier l’éradication des mariages précoces.
Ange Atala