L’intolérance envers les minorités sexuelles au Cameroun continue de faire des victimes.
Dans un quartier résidentiel de Yaoundé, au fond d’une ruelle, une habitation banale sert de refuge a la communauté LGBT qui y vit reclus. Une vingtaine de jeunes habite cet abri et est tout le temps en alerte prêt à partir.
Il y a deux ans, Suffo Saint Anthony, 17 ans est chassé par son oncle de la maison familiale lorsqu’il découvre son orientation sexuelle, il n’était qu’un jeune lycéen. C’est détour d’un carrefour très fréquent par les jeunes que Anthony s’est fait démasquer. Il prenait un pot avec des copains dans un milieu fortement fréquenté par la communauté LGBT+. Cela aura suffi pour déclencher le courroux de toute sa famille et des voisins du quartier.
Il y’a quelques temps, la disparation du jeune Armel 13 ans est venu mettre du feu au poudre.
Des lors, de forts soupçons se sont porté vers la communauté LGBT+. Les populations les accusant d’enlèvement de séquestration et de viol. C’est dans ce contexte, face à une pression sans cesse grandissante que Anthony a dû quitter le quartier. « La situation était devenue intenable, même à la boutique du quartier je ne pouvais plus faire mes courses, pas un pas sans des railleries et des provocations. Ceci c’est sans compter sur la pression familiale, j’ai dû partir de là, je n’en pouvais plus ma vie était chaque jour en danger » nous confie-t-il dans le refuge ou nous l’avons retrouvé.
On assiste depuis ces derniers temps à une forme nouvelle d’attaques dirigées contre des personnes considérées comme gays, lesbiennes, bisexuelles ou transsexuelles. Les offensives se font beaucoup plus discrètement, loin des tambours et des trompettes des individus sont attaques sur la base de simples soupçons. Fini les grosses agitations populaires de petites milices naissent dans les quartiers et traquent acharnement les personnes LGBT+. Entre raquette et bastonnade, la violence sur les personnes dites homosexuelles se fait certes discrètes mais plus insidieuse.
Au quartier Essomba à Yaoundé, il y a quelques semaines, un groupe de gens proférant des injures a s’est attaqué à deux jeunes qui discutaient en bordure de route, ils entaient soupçonnés d’être homosexuels, l’attaque si elle n’a pas fait de mort à tout de même laisser les victimes dans un sale état.
Wilfried, un jeune vivant dans le refuge nous rapporte qu’a Mvog-Ada, un quartier populaire de la ville, trois jeunes gens ont dû déménager suite à de nombreuse menace qu’ils ont subi juste parce qu’ils étaient suspectés d’homosexualité. Jérôme lui, s’est fait piéger sur les réseaux sociaux, alors qu’il croyait se rendre à un rendez-vous galant avec un potentiel partenaire, il a été conduit dans une maison abandonnée et soumis à des tortures et à des violences physiques épouvantables, sous prétexte qu’ils étaient gays. Josiane, a subi un viol collectif par des jeunes qui disait lui redonner gout aux hommes. Les attaques de lesbiennes se multiplient, ces exactions qui sont généralement justifiées par leurs auteurs comme une tentative de « correction » de la sexualité de ces victimes.
En 2021, Human Right Watch et collaboration avec des ONG Camerounaise s’insurgeaient déjà contre la recrudescence de mesures policières à l’encontre des personnes LGBT au Cameroun « ces récentes arrestations et abus suscitent de graves inquiétudes quant à la recrudescence des persécutions anti LGBT au Cameroun ».
Depuis lors, Human Right Watch a transmis ses conclusions aux autorités camerounaises notamment le ministre de la justice Laurent Esso.
La loi qui criminalise les rapports sexuels entre personnes du même sexe alimente un climat dans lequel des camerounais et des forces de l’ordre se permettent d’agresser et d’abuser des personnes LGBT en toute impunité.
Selon ilaria Allegrozzi, chercheuse senior a Human Right Watch « les autorités devraient agir d’urgence pour abolir cette loi discriminatoire et assurer que les droits humains de tous les camerounais soient garantis »
Entre temps Anthony, lui rêve du jour où il pourra vivre sans se cacher sans être juger pour son orientation sexuelle.
Auteur : Blondel Silenou