1ère Foire de l’orientation scolaire et professionnelle à Garoua !

Le jeudi 06 Juin 2024, les élèves en fin de cycle secondaire, des étudiants d’institutions universitaires, des chercheurs d’emplois, des parents, des hommes d’affaires et même certains  profils à la quête d’un diagnostic pour une meilleure orientation éducative ont honoré  à ce  rendez-vous des experts venus partager des informations cruciales à  l’Alliance française de Garoua.

Cette première édition de la foire de l’orientation scolaire et professionnelle a réunie 23 institutions participantes parmi les exposants ; dont  3 établissements d’enseignement supérieur, 4 centres de formation professionnelle,  4 centres de recherche étatique, 3 institutions parapubliques, 2 organisations de la société civile,  avec l’appui de 7 Petites et Moyennes Entreprises (PME)  actives au niveau  local. C’était l’occasion pour les 500 visiteurs enregistrés d’explorer les opportunités qu’offre un processus d’orientation scolaire de meilleure qualité, en plus d’être le  lieu indiqué pour le recueil des avis d’experts de l’orientation scolaire et universitaire au Cameroun. Également présent sur les lieux, le Fonds National de l’Emploi (FNE) a partagé des fiches simplifiées destinées aux demandeurs d’emploi de divers corps de métiers, toutes filières confondues.

Organisée par l’association Eveil de Conscience et Actions pour le Développement (ECADEV) sous la supervision de son promoteur, Yérima Ahmadou Moustapha Ahidjo. Au menue des activités, un point d’honneur est ressorti des conférences débats tenues en l’occasion  : L’éducation relève du domaine régalien. Ce qui signifie que, c’est à l’Etat que revient la charge l’éducation de toutes les couches de population sur l’ensemble du territoire national. Il s’agit, en d’autres termes, d’offrir à tous les enfants la chance d’accéder à l’éducation, sans tenir compte de leurs conditions d’ordre économique, social ou géographique. Ainsi, la mise à disposition des infrastructures scolaires complètes et du personnel enseignant en nombre suffisant quel que soit le milieu, est un point majeur dans l’amélioration des conditions d’encadrement des élèves et de la qualité de l’enseignement. La Journée Nationale de l’Orientation Scolaire (JNOS) qui se célèbre tous les 20 octobre, au lendemain de la journée mondiale des enseignants, ne suffit plus à combler les attentes des apprenants pour ce qui est de leur soif de connaissance en matière d’éducation pour une orientation scolaire de qualité. Ceci est d’autant plus vrai que la quantité d’heures prévues pour dispenser ces informations dans les établissements secondaires est minime ( en moyenne 5 heures/ semaine/ classe), se plaignent les conseillers d’orientation scolaire venus participer à la foire.

Yerima Moustapha Ahmadou Ahidjo, en compagnie des jeunes acteurs issus des OSC locales, lors de la foire de l’orientation scolaire et professionnelle de Garoua.

L’orientation académique au Cameroun, en particulier dans la région du Nord, est un sujet crucial qui peut avoir un impact significatif sur la réussite scolaire et l’avenir professionnel des élèves. Mais des situations telles que l’insécurité observée dans la région de l’Extrême-Nord, due aux attaques de Boko Haram depuis 2014 viennent mettre à mal cette dynamique. Un état de chose qui a eu des répercussions sur l’accès à l’éducation pour les enfants du septentrion en général, du fait de la crise de déplacés internes que cela a entrainé. Pourtant, l’orientation des élèves est un facteur clé pour leur réussite scolaire et leur future carrière. Car une mauvaise orientation peut entraîner des échecs scolaires et des difficultés d’emploi. Il est essentiel que les parents et les éducateurs guident les élèves vers des filières qui correspondent à leurs intérêts, compétences et aspirations.

Exposants issus des Instituts de formations professionnelles presents dans la région.

Le système éducatif camerounais est confronté à des défis tels que l’inégalité d’accès à l’éducation pour les populations vivant en zone d’éducation prioritaire ( ZEP) . Les régions rurales et défavorisées manquent souvent d’infrastructures éducatives adéquates. A cela s’ajoute des années scolaires très souvent perturbées par des mouvements d’humeur des enseignants, ce qui affecte la stabilité de l’éducation. Le triste souvenir du mouvement OTS (On a Trop Supporté) qui a pris racine dans la région du Nord , et c’est accentué suite au décès de Hamidou, enseignant d’éducation physique et sportive (EPS) au lycée de BEKA dans la région du Nord. Malheureusement, Hamidou est décédé le 8 mars 2022 des suites de maladie, après 10 ans de service sans percevoir le moindre franc de son salaire. Une triste histoire qui a révélé au grand jour les lacunes du système en charge de l’éducation et les souffrances de nombreux enseignants travaillant dans la fonction publique.

A l’occasion de la foire de l’orientation scolaire et professionnelle de Garoua, le rappel de la disponibilité du numéro vert :1530 pour « online counseling » , accessible pour tous.

Cette disparition a suscité l’émotion et la consternation de tout le Cameroun, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les enseignants, relativement aux revendications en lien avec leurs dossiers d’intégration à la fonction publique. Un désastre pour ceux qui sont en charge un domaine d’apprentissage incontournable pour le développement de la région. En somme, il est essentiel de mettre en place des mesures pour améliorer l’orientation académique des élèves au Cameroun, afin de maximiser leurs chances de réussite et de contribuer à leur développement personnel et professionnel.

Source: INS/MINEDUB/ graphique représentant le nombre moyen d’élèves par salle de classe au primaire par région.

Il convient d’attaquer le problème qui met à mal l’orientation scolaire au Cameroun, dès la racine. Nous citerons entre autres, les conditions de dispensation des enseignements dès l’éducation de base, ainsi que le suggère le ratio élèves-salle de classe dans le primaire public qui est de 78 élèves en moyenne par salle de classe viable, une nette amélioration de 3 points par rapport aux années précédentes. Ce qui suggère, d’après l’INS ( Institut National de la Statistique) , qu’il convient de préciser que les salles de classe des régions de l’Extrême-nord (120/1) et du Nord (129/1) sont plus surchargées par rapport au ratio national tandis que celles du Sud (40/1) et du Littoral (58/1) sont moins surchargées par rapport à ce même ratio. Conditions exécrables quand on se souvient que les régions du Nord et de l’Extrême-nord enregistrent des températures caniculaires pouvant atteindre 48° Celsius à l’ombre, une majeure partie de l’année scolaire. Des conditions peu optimales pour un suivi des enseignements adéquats.

Un jeune participant a partagé son sentiment à propos des conseils dispensés par M. Ballo , Conseiller principal d’orientation scolaire, universitaire et professionnel , panéliste à la conférence sous le thème: « le rôle et l’importance de l’orientation et ses services » soulignant la nécessité de l’orientation scolaire en ces termes : « l’élève a abandonné l’école pour embrasser l’école de la vie ».

En dépit de ces conditions difficiles, il revient le défi de savoir bien orienter son enfant dans ses études, afin de réduire efficacement le risque d’échec scolaire et de chômage dont sont victimes de nombreux jeunes originaires de la région du Nord. Dans la perspective de l’atteinte des Objectifs de Développement durable (ODD 4), d’importants efforts ont doivent être déployés de manière consentie dans le contexte de la région du Nord. L’objectif étant de combler le déficit infrastructurel jusque-là considéré comme la cause majeure des faibles taux de scolarisation constatés à travers le pays, et notamment dans sa partie septentrionale. A travers l’analyse du fonctionnement des institutions scolaires, et une enquête de perception menée auprès des ménages, une étude menée par l’UNESCO, relève que la promotion de la scolarisation est indissociable de celle du développement. Dans un contexte d’économie de subsistance, de l’omniprésence du spectre de la famine, et d’absence de tradition scolaire, l’orientation scolaire et professionnelle doit, sans renoncer à l’idéal de l’intégration nationale, intégrer les dynamiques socio-économiques et de promotion de l’auto-entreprenariat auprès des communautés. Une invitation à la continuité, pour des prochaines éditions de la foire de l’orientation scolaire et professionnelle à Garoua.

Ange ATALA