Hope Innovation Hub promeut l’autonomisation des refugiés au Cameroun

L’association Hope Innovation Hub a organisé un atelier de formation du 3 au 5 septembre 2024, pour le renforcement des capacités des réfugiés vivant à Yaoundé, dans l’enseigne de Mboa Hub.

C’est une vingtaine d’hommes et de femmes, de différentes tranches d’âge qui ont répondu présent à ce rendez-vous de la connaissance. Préalablement destiné aux personnes âgées de 18 à 45 ans, le besoin s’est fait ressentir de manière accrue pour une majorité de personnes expatriées, en situation de déplacement contraint. « J’ai beaucoup d’idées pour l’auto-emploi, mais je ne sais pas comment m’y prendre, dans un environnement qui n’est pas le mien. Bien que je sois au-delà de la tranche d’âge, pour suivre cette formation, je n’ai pas hésité un instant à souscrire pour en bénéficier ». Ainsi s’est exprimé Mbaihingam Denis, âgée d’une cinquantaine d’années, réfugié originaire du Tchad, présent au Cameroun depuis 2003.

Mbaihingam Denis.

D’après de récentes données publiées par UNHCR , le Cameroun accueille environ deux millions de personnes relevant de la compétence du HCR, dont un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays (statistiques de l’OCHA), 460 000 réfugiés et demandeurs d’asile et 466 000 personnes déplacées rapatriées chez elles. Les réfugiés sont principalement originaires de la République centrafricaine (RCA) et du Nigeria. 52% des réfugiés sont des femmes et des filles, parmi lesquels 55 %  sont des enfants. Une majorité de ces réfugiés manque de sources de subsistance dans les petites villes et villages, faute de terre attribuées pour cultiver, ou pour mener toute autre activité génératrice de revenus. La dure réalité les oblige à  replier dans les cités urbaines, beaucoup plus cosmopolites, et propices à l’auto-entreprenariat.

Théophile Kamgang, expert en agroécologie et business trainer; module d’initiation à l’entreprenariat et conception de business model.

  C’est le cas des réfugiés qui ont choisi de vivre à Yaoundé, la capitale camerounaise. Parmi les communes d’accueil figure celle de Yaoundé 6, dont le Maire Jacques Yoki Onana déclarait en mai 2023 : « votre condition, vous ne l’avez pas choisi, elle vous a été imposée par les contingences de la vie. Toute chose pouvant arriver à n’importe qui et dans n’importe quel pays, si l’on n’y prend garde. Ainsi, la Commune de Yaoundé 6 comme le Cameroun tout entier vous ouvre ses portes. Trouvez-en elle une famille d’accueil, une terre de paix, favorable à un nouveau départ. » Le climat est rendu favorable à l’insertion socio-culturelle,  pour l’établissement de documents administratifs, ou pour fournir des données d’identification pour la création des comptes bancaires, mais le défi de la recherche du pain quotidien reste un  problème crucial. Ce qui justifie les actions du Comité des Réfugiés dans les Communes du Cameroun (CRCC) ; par la voix du responsable de la région du Centre, M. Dogbala –De-Callot Stéphane, originaire de la RCA, qui a tenu à accompagner cette action par la sensibilisation des communautés à prendre part aux modules de formation en entreprenariat vert.  

Dogbala-De-Callot Stephane/Président du CRCC de Yaoundé

Les femmes et les jeunes réfugiés constituent des groupes particulièrement vulnérables, face aux questions d’intégration sociale et professionnelle. Ces difficultés sont souvent exacerbées par un manque de compétences et de qualifications, des discriminations à l’embauche, et un accès limité aux services de formation et d’accompagnement professionnel. Pour ne pas verser dans des activités frauduleuses, le vol à l’étalage, la prostitution et autres trafics, il est bien de diriger les aspirations des réfugiés à penser des activités génératrices de revenus. Face à ces défis, il est crucial de mettre en œuvre des programmes de formations spécifiques pour aider ces populations à s’intégrer au Cameroun.

Atelier pratique de fabrication du savon liquide.

Le programme de formation initié par Hope Innovation Hub, vise à développer les compétences et qualifications des réfugiés, jeunes et vieux, pour lutter contre les discriminations et améliorer leur accès aux services administratifs, pour garantir une plus-value dans l’accompagnement professionnel qui leur est réservé. Hope Innovation Hub est une association communautaire fondée en 2021 et enregistrée en avril 2023. Emery Ndayizeye, le co-fondateur, nous a rappelé que : « la structure a pour mission d’autonomiser les jeunes et les femmes réfugiées grâce à l’entrepreneuriat, au développement des compétences, au leadership et à saisir les opportunités qu’offre le numérique pour l’auto-emploi, tout en veillant à contribuer au développement durable. » Cette activité de formation s’inscrit dans le cadre d’un projet d’autonomisation,  obtenu grâce à l’accompagnement  financier d’Omega Resilience Awards (ORA).

Pendant les 3 jours qu’ont duré la formation, les participants ont pu développer de nouvelles compétences en matière de  conception de business model, de marketing digital, d’éducation financière, mais aussi et surtout des instructions plus poussées en sécurité /normes et standards pour la qualité, et système de financement et d’appui aux porteurs de projets. Après dispensation des formations, des séances de causeries étaient destinées à recueillir des avis, d’ailleurs une fiche des besoins était en circulation pour identifier ce dont les réfugiés manquent pour démarrer leurs activités d’auto-emploi. «  Quand je venais ici, j’ignorais tout de l’entreprenariat, j’étais juste une commerçante du coin, car je tirais de gauche à droite pour avoir de la marchandise à vendre à tout prix, sans mener une réelle analyse des besoins des consommateurs.  Mais avec Hope Innovation Hub, nous avons appris à mieux identifier quel article vendre, où, quand et comment réaliser de meilleurs ventes ? En alignant son plan marketing aux besoins de la population dans notre environnement direct. » Ainsi s’est exprimé Yalipendé Jeanne Hortense, commerçante, réfugiée originaire de la RCA, vivant au Cameroun depuis 2005.

Ange Atala