La Cellule Régionale Bois-Energie se met en place dans le Nord !

C’est  suite à la décision ministérielle N°0680/D/MINFOF du 18 octobre 2023 que les différents acteurs de la filière ont été informés de la mise en place effective de la dite entité. Une ordonnance rendue publique,  au cours d’un atelier qui s’est tenu le 25 juillet 2024, à l’hôtel Bénoué de Garoua.

Les organisateurs de l’évènement, le consortium Eco-Consult /DFS, mandaté par la GIZ, pour le compte du projet ProFEC agit en sa qualité de bureau d’études internationales. L’un des objectifs à long terme du projet étant,  la valorisation de la ressource naturelle, à travers la  mise en œuvre d’une stratégie de gestion durable de la composante bois-énergie dans les régions de l’Extrême-nord, du Nord et de l’Est Cameroun. Ceci va en droite ligne avec la politique gouvernementale qui voudrait que le pays se dote d’instruments de capitalisation  pour une action efficiente dans la gestion d’une industrie forestière durable. La région ambitionne une exploitation rationnelle de la ressource bois énergie, et ce d’autant plus que le mécanisme identique, mis en place dans la région voisine de l’Extrême-nord a prouvé sa pertinence. Un processus qui porte des fruits, puisqu’il a permis de relever  la nécessaire supervision de la filière, pour sa forte contribution dans le secteur de l’économie, mais avec des rentrées d’argent qui demeurent au profit du secteur privé.

M. NYEMEG / Délégué Régional MINFOF Extrême-Nord:  » la ressource bois-énergie brasse 9 milliards de Fcfa/an à l’extrême-nord »

D’après une étude menée par la GIZ, plus de 95% des ménages de la région du Nord utilisent le combustible ligneux comme source d’énergie domestique et source de revenu pour le développement familial. Une pression anthropique  qui accentue la déforestation et l’avancée du désert, un véritable fléau pour une région déjà en proie aux effets du réchauffement climatique. La nécessité d’élaborer une stratégie régionale de modernisation de la chaîne de valeur bois-énergie pour le Nord, pour sauvegarder la ressource déjà manquante, s’est imposée.  Pour faciliter la tâche, l’instauration d’organes de supervision, est favorable à la 2e et 3e transformation du bois, comme c’est le cas de cette Cellule Régionale Bois-Energie (CRBE) dans la région du Nord.  En son article 3, la décision du Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) portant création de la CRBE du Nord,  sera présidée par le Gouverneur de la région. Plusieurs membres constituent l’équipe technique, parmi lesquels nous citerons entre autres : les sectoriels d’administration, les académiciens, les chefs traditionnels, les organisations de la société civile, et surtout, les représentants des institutions locales, à l’instar de la MEADEN (Mission d’Etudes pour l’Aménagement et le Développement de la région du Nord).

François PERROT/ Chef de mission/GIZ-ProFEC/ECO-Consult; en présence de Alim GARGA/ Inspecteur Général des services du Gouverneur de la région du Nord, et plusieurs corps constitués ( MINFOF/ MINEPDED) .

Afin d’aider les acteurs désignés pour une meilleure compréhension des rôles et missions attribués, une étude sur l’état des lieux de référence de la chaîne de valeur du charbon issu des rebuts des scieries, a été effectuée. Sur la base de la superficie des différentes formations forestières analysées dans la région, du volume sur pied, de la rotation et du taux de prélèvement, il est maintenant possible de calculer le volume total de bois qui pourrait être exploité d’une façon durable. Il a été démontré que le volume total exploitable s’élève à 2,27 millions m³ ou à 1 589 895 t de bois. A la charge des principaux exploitants de juguler les besoins entre l’offre et la demande, pour éviter la pression que la population exerce sur la ressource bois au quotidien. La région du Nord bénéfice de 44% de surface d’aires protégées, spécifiquement désignées pour la conservation de la biodiversité et la préservation des écosystèmes. L’exploitation commerciale du bois issu de ces zones est strictement réglementée pour éviter la déforestation et la destruction de l’habitat naturel.

« le bon couscous c’est au feu de bois »

Mais pour couvrir le besoin des populations qui dépendent du bois énergie, un approvisionnement estimé à hauteur de 80%, une forte quantité est destinée aux ménages et aux professionnels de la restauration (brasserie de fabrication de bières traditionnels (bil bil), braise de viande (soya)  ou poissons, boulangerie, restaurant, ainsi qu’aux artisans. Par ailleurs, pour réduire la consommation de bois énergie, des programmes de diffusion de foyers améliorés ont été lancés,  une initiative qui vise à encourager l’utilisation de cuisinières propres et à réduire la demande en bois de chauffe. Cependant, à cause de la démographie grandissante, la région continue de subir une forte pression sur son écosystème forestier en raison de la demande sans cesse croissante de bois de chauffe et de charbon de bois. Selon les enquêtes menées par le MINFOF, le MINEPDED et la GIZ/ECO-CONSULT, 34,5 % des ménages urbains utilisent des foyers améliorés (FA)  à bois et 5% des FA à charbon. En plus de ces mesures incitatives, figure la volonté de la récupération  et la valorisation des rebuts de bois.

Joseph NDONGMO VOUFFO /Expert éducation et sensibilisation environnementale / GIZ-ProFEC/ECO-Consult)

Certains participants à l’atelier ont dénoncé des pratiques de destruction des rebuts de bois, qui pourtant devraient être une alternative essentielle pour réduire l’impact environnemental. Il est plus que jamais nécessaire de penser la stratégie bois-énergie dans la région. La CRBE ainsi créée vise principalement à : – contribuer à la formalisation de tous les maillons de la chaine commerciale du bois de chauffe – acheter du bois issu uniquement des forêts communautaires à jour – respecter les clauses établies avec les marchés urbains – dénoncer les exploitants illégaux. Au sortir de cet atelier, un plan d’action a été adopté à l’unanimité, ce qui laisse présager des lendemains meilleurs pour l’exploitation du bois légal dans la région du Nord. Le communique final, assorti d’une feuille de route, ainsi que d’un calendrier d’exécution, sont les faits marquants au sortir de cet atelier. Mais pour que le satisfecit soit général, il faut une action pérenne dans le temps pour que la stratégie de gestion de la chaîne d’approvisionnement du  bois légal soit durable dans la région du Nord.

Ange ATALA