Le lycée français Fustel de Coulanges célèbre la jeunesse en ODD

La commémoration de la 58e édition de la fête de la jeunesse au Cameroun a été marquée par des activités périscolaires variées dans les établissements des 10 régions. C’est auprès des bénévoles de l’association Soutenable, ce 8 février 2024, que cette occasion a été donnée aux élèves de 6e et de Terminale, du lycée français Fustel de Coulanges de mener une réflexion approfondie sur les défis auxquels fait face la jeunesse actuelle en matière de développement durable.

Le lycée français n’a pas voulu déroger à la règle de commémorer cet événement, mais tout en optant pour une activité originale qui mêle ludisme et prise de conscience sur les enjeux environnementaux majeurs. C’est le laboratoire des classes scientifiques qui a été le cadre des ateliers en plusieurs groupes, des fresques du développement Soutenable. Les fresques consistent en une série de 5lots (42 pour la version junior de 9-14 ans, et 54 pour la version adulte 14-18ans) de cartes, et un lot additionnel qui comporte les 17 ODD (Objectifs pour le Développement Durable). Ces cartes portent au recto des images d’un phénomène climatique, et au verso, un paragraphe explicatif sur les effets induits de ce dernier. La Fresque du Développement Soutenable c’est 2h 30 pour comprendre, avec une équipe d’animateurs de l’association, sous la conduite de son président Nelson Noumbissi, que les principaux enjeux du développement durable dans le contexte camerounais ont été abordés. Le déroulement  s’effectue ainsi :

1ère partie – Réflexion et compréhension : 1 h 15 min

En équipes de 4 à 8 personnes, les participants prennent connaissance du contenu des cartes et identifient les liens de causalité entre les composantes environnementales, sociétales, économiques et politiques du développement durable.

2e partie – Créativité : 20 min

Lors de cette phase les participants sont invités à laisser libre cours à leur imagination et illustrer les points saillants de leur compréhension du sujet au moyen de dessins, de textes ou de toute autre illustration. Au terme de cette partie, une “fresque” s’est véritablement dessinée et les participants doivent trouver un titre leur création.

3e partie – Restitution : 10 min

C’est la séquence dédiée à la présentation du résultat. Les participants commentent leur travail : son titre, les messages clés mis en avant, les illustrations, etc.

 4e partie – Débrief et ODD : 45 min

Des recoupements sont effectués entre les enjeux systémiques mis en évidence par la fresque et l’approche par ODD adoptée par l’ONU dont ils réalisent la pertinence. Les participants prennent connaissance des leviers d’action pensés et proposés par leurs institutions et “prennent leur part” dans cette stratégie globale.

Cette activité va en droite ligne avec la Huitième communication nationale de la France à la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques) (Décembre 2022) qui stipule que : « l’éducation au développement durable est une éducation transversale qui s’appuie sur les programmes scolaires de toutes les disciplines. Elle repose aussi sur des projets pédagogiques concrets impliquant les élèves. L’objectif est de permettre aux jeunes générations d’acquérir des clés de compréhension , des connaissances et des compétences pour mieux comprendre la complexité du monde contemporain, et mieux agir en faveur du respect d’autrui et de notre environnement. »

Des relations de cause à effet vont ensuite découler de la disposition des cartes ; pour les matérialiser, les participants sont invités à dessiner des flèches explicatives. Des responsabilités vont être établies selon les différents acteurs, la partie créative prend place lorsque les participants sont appelés à exprimer leur ressenti sur le papier sous forme de création artistique. Il peut s’agir de dessins divers, amplifiés par des couleurs, et portés par un titre au choix des participants. Cette étape fait généralement place au débat riche et houleux des participants qui se rendent compte de l’ampleur des phénomènes climatiques, qui ne sont plus seulement des informations alertes qui circulent dans les médias. Pour conclure, il leur revient de disposer les cartes mentionnant les 17 ODD, qui font office de pistes de solution au dérèglement que l’on observe dans les changements climatiques.

Il est important de noter que ces fresques du développement durable ont ceci de particulier qu’elles comportent des informations propres au contexte camerounais. En effet les phénomènes tels que des zones probablement immergées de la ville de Douala dans 20 ans, présentés sur une carte permettent de visualiser l’ampleur du phénomène de hausse du niveau de la mer, liée à la fonte des glaces. Il en sera de même de l’inflation, du taux de fécondité, avec la mise en relief de la responsabilité de l’Etat et des particuliers, mais aussi et surtout le questionnement de toute action anthropique. Au sujet des fresques, l’expert international auprès du Haut Conseil pour le climat, Jean-Marc Jancovici a déclaré : « le réchauffement climatique, comment ça marche ? Première option : lire un rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). Résultat assuré, mais 2000 pages à parcourir! Deuxième option : jouer à la fresque du climat. L’essayer, c’est l’approuver ! ». La nécessité d’intégrer les conséquences du changement climatique dans cette forme d’apprentissage découle du constat fait par la Banque Mondiale selon lequel, le changement climatique est inversement proportionnel au développement et au bien-être humain. En outre, ainsi qu’il apparait sur les cartes des fresques, le changement climatique aggrave les pressions sociales, aggrave les pressions économiques, aggrave le climat d’inégalité ambiant, impropre à l’éclosion sociale.

A l’occasion de cette série d’ateliers au lycée français Fustel de Coulanges, sur les fresques du développement durable, nous avons pu constater le bon niveau d’information de certains apprenants.  C’est le cas de citer Eugène, jeune élève en classe de 6e qui a émis ses craintes que Yaoundé soit incapable d’accueillir  les « réfugiés climatiques ». Ou encore de Souela en  classe de Terminale qui estime que « le taux de fécondité qui est accentué en Afrique pourrait constituer un atout pour la croissance économique ». Voilà qui trouve un écho favorable au thème de cette 58e édition de la fête de la jeunesse au Cameroun : « jeunesse, import substitution et patriotisme économique pour le progrès du Cameroun ». C’est donc à bon escient qu’une rencontre avec la Directrice du cycle primaire de la même école, a permis de livrer des nouveaux jeux de cartes de la version enfants de la fresque du développement Soutenable. Les tests de cet outil qui se sont déroulés l’année dernière ont recueilli des avis favorables, tant du corps enseignant, que des élèves. Une ferme volonté exprimée dans l’espoir que les parents se mêlent à la cadence pour que l’éducation inclusive soit effective.

Pour participer à un atelier, il est important de noter que l’association Soutenable organise des ateliers à la demande. N’hésitez pas à faire une demande via leur formulaire en ligne sur soutenable.cm ou par mail à fresque@soutenable.cm.

Ange ATALA