Nelson Mandela Day 2024, célébré à Garoua

Le 18 juillet 1918 est le jour de naissance du premier Président démocratiquement élu de « la nation arc-en-ciel », ainsi qu’il a surnommé son pays l’Afrique du Sud. A travers un concours de dessin, la projection d’un film documentaire, une conférence débat, et un concert slam, les populations de Garoua se sont joint à la communauté internationale pour célébrer l’homme de légende Madiba, ce 18 juillet 2024 à l’Alliance française de Garoua.

Rolihlala (« fauteur de troubles ») Mandela, dans le clan Madiba, d’un chef tribal du village Mvezo, et de sa 3èm épouse, dans la province du Cap-oriental, de la famille royale Thembu de l’ethnie Xhosa. Le prénom Nelson lui est attribué par son institutrice, un élève studieux qui  marquera l’histoire contemporaine, en tant que premier avocat noir pour la défense des droits civiques, dans un climat de ségrégation raciale en Afrique du Sud. Sa légende a traversé les frontières de son pays, car reconnu  pour avoir consacré 67 années de sa vie, dont 27 en prison,  à lutter pour les droits civiques des minorités. Faisant suite à la résolution A/RES/64/13 adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en novembre 2009, la date de sa naissance commémore les travaux abattus par cet intrépide justicier social de la première heure. Un  évènement qui donne l’occasion de reconnaître la contribution de Nelson Mandela à la lutte pour la démocratie et la promotion d’une culture de paix et de liberté à l’échelle internationale, au point de lui valoir l’attribution du prix Nobel de la paix en 1993.

Le thème choisit pour l’année 2024 est «  la lutte contre la pauvreté et les inégalités est entre nos mains », dans le discours prononcé à l’occasion, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a relevé que : «  le 1% des plus riches émettent autant de gaz à effet de serre, aux effets destructeurs pour la planète, que les 2/3 de l’humanité ».  Bien que les décisions prises pour enrichir les plus  riches soient néfastes, les plus pauvres continuent d’en subir les conséquences. Les catastrophes naturelles causées par les changements climatiques, avec comme facteur d’accentuation, l’action anthropique, mettent l’humanité à égalité dans la détresse. Il est donc du ressort de tous de mettre la main à la pâte, pour contribuer à éradiquer les fléaux dont s’est plaint Nelson Mandela. Le concours de dessin organisé en marge des activités autour de cette journée, a permis de récompenser Toumba Daniel ( gagnant du 1ier prix d’une valeur de 30 mille francs Cfa) et Djacba Martial ( gagnant du 2nd prix d’une valeur de 20 mille francs). Tous les deux élèves dans les établissements secondaires de la ville de Garoua, qui se sont sentis imprégnés de l’œuvre accomplie, grâce à la dénonciation des injustices subis par les minorités.

une jeune participante au concours de dessin organisé à l’occasion du Mandela Day 2024.

En accordant une place d’honneur à cette célébration dans la ville de Garoua, les organisateurs tiennent à promouvoir les valeurs prônées par le personnage, mais surtout d’encourager les jeunes à être des acteurs du changement qu’ils souhaitent voire s’opérer au sein du pouvoir dirigeant. En outre, il s’agit d’un rappel au dialogue et à la solidarité, au-delà des clivages sociaux que nous impose la société actuelle. C’était d’ailleurs l’occasion pour Amadou Labarang, panéliste à la conférence débat, Coordonnateur Nord du  JERC (Jeunesse Emergente et Républicaine du Cameroun) de rappeler la philosophie Ubuntu. Concept très souvent résumé par Nelson Mandela avec le proverbe zoulou « qu’un individu est un individu à cause des autres individus ». Les jeunes de la région gagneraient à faire preuve de « respect mutuel, serviabilité, partage, communauté,  générosité, confiance, désintéressement. » Pour voir émerger leur région dans le développement socio-culturel, sur plusieurs dimensions.

Projection du film documentaire  » toute l’histoire de Nelson Mandela »

Pour réduire les inégalités, Nelson Mandela a mené une lutte acharnée contre le régime de l’apartheid, qui imposait une ségrégation raciale stricte et des inégalités profondes au sein de la société sud-africaine. Lorsqu’il a accédé au poste de Président de la République, Mandela a mis en place des politiques visant à réduire la pauvreté et les inégalités. En promouvant l’accès à l’éducation pour tous, en améliorant l’accès aux soins de santé et il a soutenu le développement économique à destination les populations marginalisées. Pour un dialogue social inclusif, il a utilisé les valeurs cardinales pour rassembler son peuple, telles que le sport et la culture, témoin le cas de l’implication des Springboks (équipe nationale de rugby, majoritairement blanche) dans l’accompagnement des jeunes issus des minorités vivant dans les townships de Johannesburg. En outre, le « Reconstruction and Development Programme (RDP) » : est un programme qui visait à redresser les inégalités économiques et sociales héritées de l’apartheid. Il comprenait des initiatives pour améliorer l’accès au logement, à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation et aux soins de santé.

Bouba Gomté, en compagnie du collectif des slameurs de l’Alliance française de Garoua.

Des mécanismes mis en œuvre par la volonté des pouvoirs publics, pour réduire les inégalités sociales à Garoua existent, mais pour en bénéficier, les populations doivent accepter les facteurs de développement modernes, sans pour autant abandonner les traditions. Ceci a donné droit au rappel fait par  Yerima Ahmadou Moustaha Ahidjo, porte-parole du Lamidat de Demsa, panéliste à la conférence débat. Il a rappelé l’importance pour les populations de se conformer à la mesure consistant à établir les actes de naissance, pour bénéficier de la citoyenneté, un point de départ primordial pour prendre part aux débats publics. Il n’a pas manqué de souligner ce proverbe peuhl : « yofti lissal nangay lissal », ce qui se traduit par le fait de ne pas abandonner les valeurs culturelles, qui encadrent la vie en société, sans toutefois rejeter la modernité qui apporte le développement. La journée internationale Nelson Mandéla s’est terminée par un concert de slam, où l’assistance s’est délectée des talents de Bouba Gomté, déficient visuel et slameur, qui a avoué être influencé par le caractère intrépide, le sens de l’abnégation et la persévérance, manifesté par Nelson Mandela, qui a laissé un héritage à l’encre indélébile.

Ange Atala