REPRESSION
Militant du MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun), Gilles Ghislain Pabissa Mono est depuis quelques semaines dans le viseur des services de renseignement et des milices de certains pontes du régime Biya.
Ce n’est pas le titre d’un thriller à la sauce nollywoodienne mais le bien triste quotidien de certains militants du MRC. Plusieurs semaines déjà que Gilles Ghislain a quitté le cocon familial au quartier Etoudi et vit reclus dans abri tenu secret. « il est important qu’il s’éloigne un peu de nous, s’il veut nous protéger, tout en espérant que la pression baisse » nous confie un proche au détour d’une conversation.
En effet, Ghislain est depuis la dernière élection présidentielle du 07 octobre 2018 une cible à abattre, car ayant choisi de rejoindre le camp du professeur Maurice Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun. C’est son ancien professeur de droit à l’université de Yaoundé et non moins trésorier du parti. Alain Fogue Tedom (aujourd’hui embastillé pour une marche pacifique) qui l’avait convaincu idéologiquement à rejoindre les rangs du parti. Aussi, faut –il le rappeler Gilles Ghislain Pabisso Mono a obtenu, dans la foulée, une licence et un master en droit en 2014 et fit des stages en cléricature. Par la suite, il a travaillé dans un cabinet d’avocat et à la division juridique de Caisse Autonome d’Amortissement (CAA). Il a rejoint le MRC, selon nos informations pour défendre les droits humains et promouvoir la démocratie, y compris les libertés fondamentales. Ses ennuis débutent après la marche pacifique du 27 octobre 2018. Celle-ci organisée par son parti, avec pour objectif, de dénoncer les inégalités sociales, le hold-up électoral et le retour de la paix dans les zones en crise du Nord-ouest et du Sud-ouest au Cameroun. Nonobstant la répression des forces de l’ordre, les jets d’eau et du gaz lacrymogènes, ils ont bravé toutes les menaces et il eut plusieurs arrestations avec à la clé, le passage devant le tribunal militaire, assortis de probables réclusions à perpétuité. Gilles Ghislain Pabissa Mono fut mis aux arrêts ce jour-là ainsi que plusieurs manifestants, et conduit à un poste de police où, ils passèrent trois jours avant d’être élargis.
Pendant tout ce calvaire, la torture était à son comble. Pas de repas, pas d’eau. Seulement, ils eurent la possibilité de faire appel à leurs familles par voie téléphonique. Certains manifestants sont encore embastillés. Aucune nouvelle d’eux. Peut-être seraient-ils morts ? L’on s’interroge. Il faut souligner qu’il est de la région du Centre, et appartient à l’ethnie Eton de la Lekié qui soutient aveuglement le pouvoir en place. D’où sans doute, ses ennuis, car ses opinions vont à l’encontre de l’ordre dictatorial gouvernant. Il est donc considéré par les siens comme un félon et bon pour l’enfer.
Après sa libération, il est parti de Yaoundé pour Douala pour y vivre et travailler, laissant derrière lui, son épouse et sa progéniture. y étant, ses problèmes ont décuplé. Il participe encore à des marches pacifiques dudit parti, le 3 et 8 juin 2019. La répression était de taille avec des tirs à balle réelles. Il est encore arrêté et torturé par les forces de l’ordre à la solde du régime en place. Il passe encore trois jours en cellule pour les deux manifestations. Il repart à Yaoundé pour les besoins de la cause et ce, à la fin du mois de Novembre 2019. Le 22 Septembre 2020, une nouvelle marche du MRC a lieu pour dénoncer les arrestations arbitraires de ses militants depuis 2019. Il subit le même sort. Et lors de cette mise dans la nasse, on n’a de cesse de lui rappeler qu’il ne rêvera plus sa famille. Après ces menaces, il décide de ne plus jamais participer aux manifestations après des bastonnades.
En fin 2019, il rejoint une ONG de la place et met officiellement en cloque à ses activités politiques du moins celle qui lui ont par le passe cause du tort. Mais loin de mettre fin aux calvaires, c’est une nouvelle manche qui va commencer. Suivi, téléphone sur écoute et continuellement menacé, Gilles Ghislain est depuis une semaine, absent de son poste de travail, selon employeur qui lui aussi a dû subir des menaces en raison ses positions sur les droits humains au Cameroun, « Gilles Ghislain est certes en lieu sûr mais son cas est préoccupant » nous confie-t-il en marge d’un échange au siège de ONG Acadehlib ou il est venu chercher du soutien. ‘’Je n’ai jamais vu un tel acharnement sur un individu qui a depuis baisse les armes » s’exclame Blondel Silenou, Directeur de l’ONG Jeunes volontaires pour l’environnement.
Depuis son refuge, Gilles Ghislain nous confie que « ces derniers jours ils sont allé jusqu’à me donner la couleur des habits de mes enfants, je me sens vraiment mal »
Entre temps près d’une trentaine de militant du MRC sont écroues et une dizaine porte disparue. Vivement l’état de droit au Cameroun.
Auteur : Benjamin Bebegue