A l’occasion de la 3ième édition de sa semaine écologique, les plaines montagneuses de la région de Kozah, au nord du Togo, ont accueilli du 18 au 19 Janvier 2024, une rencontre scientifique d’envergure. Placée sous le thème : « la transition écologique en Afrique : entre dynamiques et perspectives », c’était une invite à explorer les talents de la recherche scientifique qui répondent aux préoccupations de ce concept relativement nouveau en Afrique.
Partant du constat selon lequel nous vivons dans un monde menacé par des températures de plus en plus extrêmes, la sécheresse et la raréfaction des ressources naturelles s’accentuent. Il devient impératif d’agir vite et d’adopter prestement des modes de production et de consommation plus durables pour la planète. De fait, il s’agit d’avancer vers une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources, compétitive, et qui parallèlement garantie la réduction des émissions de CO2 pour lutter contre les changements climatiques. Afin de réduire les risques de santé, de déséquilibre alimentaire, pour des populations inaptes à vivre en harmonie avec leur environnement avec ces nouveaux défis que lui impose le dérèglement climatique. La voie pour atteindre ces objectifs est connue sous le nom de transition écologique. Les sources d’énergie que sont le bois, le charbon, le gaz et le pétrole s’ajoutent au rythme de l’insatiable demande mondiale, sans mode de substitution. Les énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien complètent l’offre mais ne la remplacent pas.
La transition énergétique est donc un challenge qu’il faut prendre à bras le corps. Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, il faudrait produire en vingt ans autant de métaux qu’on en a extraits au cours de toute l’histoire de l’humanité en utilisant…des énergies fossiles, qui pourtant sont de plus en plus décriés ! Pour saisir l’objectif principal de l’initiative portée par l’Université de Kara, il faut remonter aux fondations du projet qui lui a donné l’ossature qu’on lui reconnait aujourd’hui. En effet, le projet de Semaine Ecologique de l’Université de Kara a une histoire qui commence avec la volonté d’un groupe d’étudiants en Masters et ayant à leur tête, Yéndoumban SOUNDI alors Délégué général des étudiants en Master à l’Université de Kara, Promotion 2019-2021 . Tout prend corps en Juillet 2021 avec une première édition articulée autour de : 1) l’activité d’entretien et de reboisement des arbres situés à la périphérie de l’Université, 2) des journées scientifiques.
Les résultats de ce premier essai ont attiré l’attention des partenaires pour le développement durable, à l’instar de l’Union Européenne. A travers le programme d’appui à la lutte contre le changement climatique, un accompagnement pour une seconde édition, puis la troisième tout récemment, ce qui a permis la fourniture de 3000 plants dont 65 % ont survécu à ce jour. Cette 3ième édition a donné une envergure internationale à la cause, en ce qu’un colloque scientifique a réuni des experts en provenance de 10 pays de par le monde. Le Togo a accueilli ainsi ses voisins du Burkina Faso, de la Cote d’Ivoire, du Benin, et bien plus loin comme le Sénégal, la Guinée ; le Maghreb était représenté par le Maroc et même l’Afrique centrale avec le Cameroun. L’Europe a participé à travers des exposants en provenance de la France et de l’Espagne. Ce sont 87 résumés qui sont passés par le crible d’un comité scientifique composé d’éminents enseignants d’universités de la sous-région dont la crédibilité ne souffre d’aucune réticence. L’objectif principal du Projet étant de mettre la communauté universitaire au cœur de la lutte contre le changement climatique. Le thème général de la semaine écologique était : « L’Université au cœur de la lutte contre le changement climatique ». Nous saluons ainsi le travail fourni par monsieur BINI, Maître de Conférences en Philosophie, président du comité d’organisation du colloque scientifique, l’une des activités de la présente édition. Le vibrant message porté lors de la conférence inaugurale a été prononcé par Dr DJIGA Ahmed, membre du comité scientifique du colloque, exerçant à la Commission Mondiale du Droit de l’Environnement de l’Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN). La conférence plénière a été donnée par M. Bolekia Boleká, Academicien, Professeur Titulaire de Philologie française à l’Université de Salamanque en Espagne et, modérée par, M. Kélem TATA, Maître de Conférences en Sociologie. Le Comité scientifique du Colloque a été Présidé par le Professeur Kokou TCHARIE, Professeur Titulaire de Mathématiques, Président de l’Université de Kara. Le Président d’Honneur du Comité scientifique est le Pr Komla SANDA, Professeur Titulaire de Chimie, Ancien Président de l’Université de Kara.
Le colloque scientifique international de l’Université de Kara était un évènement hybride qui a permis de mettre en lumière l’ingéniosité des chercheurs dans 4 axes principaux : -Intégrations régionales africaines et transitions énergétiques- Agro-écologie et développement durable en Afrique – Justice climatique et éco impérialisme en Afrique – Énergies renouvelables et santé publique en Afrique. L’occasion a permis de créer un espace de débat et de réflexion pour analyser les complexités, les enjeux et les défis que pose la problématique de la transition écologique en Afrique. Certains sujets étaient typiquement techniques, avec des solutions purement technologiques, comme ce fut le cas du travail fourni par un groupe d’enseignants chercheurs exerçant dans les universités togolaises. AFELU Bareremna1, de l’Université de Lomé, KONKO Yawo et PILABINA Somiyabalo de l’Université de Kara dont le thème était : « prédiction de l’occurrence des feux de végétation et stratégies d’adaptation des communautés et des écosystèmes au Togo ». L’un des exposants originaire du Cameroun , n’a pas pu prendre part de manière effective à cause des aléas du réseau internet, néanmoins les travaux de Dr. AKONO OLINGA André, Ph.D en Droit public, auraient permis de développer le thème : « confessionnalisation de la justice climatique et transition écologique dans le secteur des industries extractives en Afrique francophone subsaharienne ». Dans son résumé, il aide à poser de bonnes questions telles que : « Bien que l’Afrique soit le premier continent producteur de métaux précieux et de minéraux stratégiques, Le seuil d’intégration de la justice climatique dans les conventions minières peut-il contribuer efficacement à l’impulsion de la transition écologique dans les Etats sous étude ? » Voila autant de sujets de réflexion pertinents qui engagent le débat sur la transition écologique abordé dans le colloque scientifique international de l’Université de Kara, pour mener vers des pistes de solutions tenant compte du contexte socioculturel de l’Afrique .
Ange ATALA