Le 16 Août 2023, le siège d’ONU Femmes Cameroun a servi de cadre pour la réunion de concertation des partenaires du programme « women count » .Il s’agissait de reformuler les activités de la seconde phase du projet, avec pour ambition majeure la conception d’un nouveau plan d’action
La nécessité de faire intervenir les statistiques sensibles au genre ressort du constat selon lequel, les données spécifiques manquent cruellement dans le cadre du traitement des interventions ponctuelles pour endiguer une situation d’urgence. L’un des exemples les plus parlants c’est celui de la gestion des catastrophes naturelles en lien avec les changements climatiques dans une région sous-développées. En la présence de la représentante résidente d’ONU-Femmes au Cameroun, Mme Raky Marie Chaupin, l’on a décrié le fait que seulement 13% des Etats consacrent un budget aux statistiques sur le genre. A l’observation des faits, les populations les plus vulnérables sont les femmes et les enfants. Les conséquences des changements climatiques peuvent alourdir la charge des femmes et des filles, en les obligeant à se déplacer plus loin pour s’approvisionner en eau ou en bois de chauffage. Du fait du manque de données spécifiques au genre, cette action qui occupe les plus gros du temps des femmes de cette région n’est pas quantifiée, et par conséquent pas pris en compte dans l’évaluation de l’apport économique des familles lorsque survient une catastrophe climatique.
Pour intervenir en pareille situation, connaitre les données chiffrées spécifiques relatives à la population féminine en urgence systématique est primordial. L’existence des statistiques de genre peut aider à apporter des informations sur les indicateurs tels que : éducation, santé, politique, économique… Les statistiques de genre sont des données ventilées par sexe qui ont fait l’objet d’une analyse permettant de mettre en évidence les différences qui existent entre hommes et femmes dans un domaine particulier. Ceci implique d’aller au-delà des chiffres, mais les variables telles que l’âge, la profession, le taux d’alphabétisation, l’ethnie, ou encore la représentativité dans les services administratifs. Ces statistiques mettent en lumière les domaines dans lesquels des progrès ont été réalisés, fournissent des preuves de ce qui fonctionne et révèlent les lacunes où des efforts supplémentaires sont nécessaires. Par conséquent, 80 % des indicateurs de l’égalité des sexes dans les objectifs de développement durable (ODD) manquent de données, rendant ainsi difficile la lutte pour l’extension de cette cause.
Interpellation des statistiques agrégées sur le genre dans la lutte contre les changements climatiques
Une étude menée par Balgis Osman-Elasha dans « In the shadow of climate change » ; dénonce le fait que : « les personnes marginalisées, et les femmes en particulier, sont touchées de manière disproportionnée par les effets négatifs du changement climatique, en raison de leur dépendance à l’égard des ressources naturelles menacées et parce que la pauvreté limite leur capacité à s’adapter ». Pour remédier à ces différents manquements, la première phase du projet connu sous la dénomination « Making Every Woman and Girl Count » ou « Women Count » implémenté entre 2019 et Décembre 2021 a permis de créer un cadre de concertation pour un environnement favorable à la mise en place des mécanismes de coordination sur les questions de genre. La production et la diffusion des données statistiques agrégées sur le genre, pour renforcer les capacités des acteurs dans les ministères, la société civile, les agences des Nations Unies ; l’accessibilité des informations liées aux données statistiques du genre.
Acteurs de la société civile et membres des administrations présents à l’atelier.
La priorité étant accordée à la plus-value en terme d’apport à l’économie locale des femmes, à la lutte contre les violences faites aux femmes et leur environnement, afin d’améliorer les perspectives sur la question. Pour la seconde phase de ce programme, Il est prévu de renforcer les capacités des organisations partenaires à l’instar de l’INS (Institut National de la Statistique), BUCREP (Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population), MINEPAT (Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire), MINEFOP (Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle) ; et le GDJN (Gender Data Journalist Network) ; pour ne citer que ceux-là. Les statistiques qui reflètent adéquatement les réalités vécues par les femmes et les hommes, les filles et les garçons – les statistiques ventilées par sexe – sont des outils indispensables pour élaborer des politiques et des solutions fondées sur des données probantes afin de parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes sous tous les plans .
Le projet « Every Women Count » comme son nom l’indique vise à faire en sorte que chaque femme et chaque fille compte. Il a pour ambition d’apporter un changement radical dans la façon dont les statistiques ventilées par sexe sont utilisées, créées et promues. Le programme vise à répondre au besoin urgent d’accroître la disponibilité d’informations précises sur l’égalité des sexes et les droits des femmes afin d’éclairer les politiques et la prise de décisions. En effet, Il est question ici d’en arriver à la pratique que les dirigeants prennent des décisions pour faire face aux conséquences telles que le réchauffement climatique, qui puissent refléter l’implication efficace des femmes dans la lutte. Les femmes ne sont pas seulement les victimes des changements climatiques, elles peuvent aussi agir activement et efficacement et promouvoir les méthodes d’adaptation et d’atténuation. La seconde phase du projet débutera en 2023, et court jusqu’en 2025. Cette étape vise à créer une véritable boîte de dialogue entre les collecteurs et les utilisateurs des données, tout en insistant sur la budgétisation des statistiques genres agrégés.
Auteure: Ange ATALA