Des perspectives d’avenir sereines pour les terres dégradées du Nord Cameroun

A l’occasion de la journée mondiale de l’environnement 2024, l’association citoyenne pour les perspectives d’avenir a mené une campagne de sensibilisation sur plusieurs jours en avance, dont le point culminant était la conférence tenue au sein de l’Alliance française de Garoua ce 5 juin 2024.

En raison de la sécheresse et de la désertification, la Banque mondiale a récemment publié que plus de deux (2) milliards d’hectares de terres dans le monde sont dégradés, ce qui affecte fortement plus de trois (3) milliards de personnes. Ces millions d’hectares de terres sont perdus chaque année, soit près de 23 hectares par minute ; 74 % des personnes en situation de pauvreté dans le monde sont touchées directement par la dégradation des terres. L’une des causes de cette dégradation au niveau mondial, est la désertification. 41 % des terres sont menacées par la désertification, et ce taux atteint environ 45 % en Afrique. La désertification est devenue un problème de plus en plus grave sur le continent au cours du XXe siècle, mettant en péril les moyens de subsistance de millions de personnes qui dépendent de la terre pour se nourrir. Pour lutter contre ce phénomène, des solutions telles que le reboisement, la conservation des sols et des méthodes de gestion durable des terres sont mises en place.

Désertification et surexploitation des ressources en Afrique | Belgian. eo.belspo.be

 Sous le thème : « lutte contre la désertification et la dégradation des terres dans la région du Nord, comment gagner le pari ? », la conférence organisée à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de l’environnement 2024, a glané une foule d’invités majoritairement constituée de jeunes acteurs de la société civile, qui œuvrent localement pour le développement durable. La question interpelle à plus d’un titre, d’autant plus que le Cameroun déplore 12 millions d’hectares de terres dégradées, dont 8 millions concernent la partie septentrionale, l’urgence de la restauration se fait ressentir pour le Nord, qui est pourtant la moins touchée des trois régions concernées. La célébration de la journée mondiale de l’environnement le 05 juin 2024 a connu plusieurs articulations à Garoua.

Bénévoles de l’association citoyenne pour les perspectives d’avenir, le 05 juin 2024 sur le site de Ouro-Labbo, à Garoua.

La Journée mondiale de l’environnement célébrée le 5 juin de chaque année est une occasion majeure pour sensibiliser à l’importance de préserver notre planète. Cette année, elle se concentre sur la restauration des terres, la désertification et la résilience à la sécheresse. La désertification est un phénomène naturel qui se produit lorsque les sols se dégradent progressivement dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches. Ce processus peut entraîner la détérioration de la végétation, l’érosion des sols et la migration des populations. Parmi les initiatives qui limitent les effets de l’avancée du désert dans la région, figure le projet ProFEC.

Oumarou Haman Wabi, Préfet du département de la Bénoué, Joignant le geste à la parole, à l’occasion des évènements du 05 juin 2024.

En effet, il ressort du rapport annuel 2023 du module de coopération technique « Projet Forêt Environnement Climat » (ProFEC) que, le projet fait partie du programme de coopération au développement « Politique environnementale, protection et utilisation durable des ressources naturelles au Cameroun », conformément à la  proposition stratégique conjointe Allemagne-Cameroun du 14 mai 2019. L’objectif du programme est formulé comme suit : « La gestion des forêts, des aires protégées, des paysages  boisés et de la biodiversité du Cameroun est améliorée, contribuant ainsi au développement  rural durable dans le contexte du changement climatique ».

Participants à la conférence : « lutte contre la désertification et la dégradation des terres dans la région du Nord, comment gagner le pari? »

Le ProFEC est consécutif au Projet Forêt Environnement (ProFE), mis en œuvre de janvier  2020 à décembre 2022. Son objectif est formulé ainsi : « L’environnement, en particulier  les ressources forestières du Cameroun, est géré de manière inclusive, durable et respectueuse du climat par les acteurs locaux dans les communes partenaires ». Tout  comme le ProFE, la GIZ ( coopération allemande) contribue à l’exécution des programmes et des stratégies de ses  ministères de tutelle : le Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) et le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable (MINEPDED). Le  ProFEC est ainsi mis en œuvre en partenariat avec les communes, les acteurs de la société  civile et le secteur privé, dans une démarche de proximité avec les groupes cibles. Les zones d’intervention sont les régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Est et du Centre. Les cibles sont les populations rurales majoritairement pauvres, en particulier les jeunes, les femmes et les peuples autochtones qui utilisent les ressources naturelles des forêts comme base de leur vie et de leur économie.

Marie-Claire Avalaye et Cheick Christian Poro (panélistes, experts en gestion durable des ressources naturelles) ont formulé ce message : « 100 ans pour que le processus de régénération de nos terres prenne forme, nous pouvons l’éviter en favorisant des techniques de régénération naturelle, telle que la méthode qui consiste à pratiquer l’élevage exclusif sur une parcelle de terre, avant de la cultiver sans avoir recours aux engrais qui appauvrissent notre sol et le dégrade ».

C’est donc de manière concertée que le projet ProFEC est venu en accompagnement de l’initiative qui a donné lieu à cette vaste campagne de sensibilisation, menée  par les membres de l’association citoyenne pour les perspectives d’avenir et plusieurs de leurs partenaires.  Tenue sur plusieurs jour, avec des activités déclinées ainsi qu’il suit : plantation de plus de 4000 arbres dans les zones identifiées comme dégradées qui nécessitent une restauration ; nettoyage et  alerte à la pollution plastique dans les marchés locaux, conférence débat. L’alliance française de Garoua a servi de cadre à cette dernière articulation qui a sonné le clap de fin de la dite campagne. Les participants venus nombreux assister à la conférence, en dépit du climat capricieux qu’a connu cette fin de journée,  ont été invités à ne pas se limiter aux discours, mais à partager les informations reçues, afin que les bonnes pratiques bénéficient à leur entourage.

Ange ATALA