L’Alliance française de Garoua célèbre la francophonie au plurielle

A l’occasion de la célébration de la semaine de la langue française et de la francophonie, du 16 au 24 mars 2024,  l’Alliance française de Garoua a accueilli plusieurs activités liées à l’usage multifonctionnel de cette langue. Lors de la journée internationale de la francophonie, un concours « petits génies » et une table ronde ont meublé le cadre de cet évènement, qui a drainé une foule consistante tant par la quantité que par la pluralité des individus qui la constituaient.

Rendue à sa 29 -ème édition, cette semaine permet de célébrer l’usage de la langue française en France, et à l’étranger. 8 des 10 régions du Cameroun sont majoritairement francophones, soit 83% de la population du pays. La région du Nord, en son chef-lieu Garoua abrite l’Alliance française depuis 1995, pour un rayonnement de la langue, et de la culture, mais surtout un véhicule de valeurs entre les peuples. L’apothéose de la semaine était le 20 mars, journée internationale de la francophonie, sous le thème « créer, innover, entreprendre en français ». La journée a commencé par le concours « petits génies ».

Mme Edima Eunice Michelle, Encadreur de l’équipe du collège ste Thérèse de l’enfant Jésus de Garoua, félicitant les gagnants, de l’équipe du lycée classique de Garoua ( en arrière plan).

 Il s’agit d’une compétition nationale de culture générale, qui voit plusieurs équipes des lycées et collèges de la ville de Garoua s’affronter durant un mois. Afin de déterminer l’établissement champion qui représentera la région du Nord à la finale nationale qui se tiendra à Yaoundé. Ces sont les élèves, membres de l’équipe constituée par le lycée classique de Garoua, qui ont remporté cette étape de qualification pour représenter la région du Nord. Ils se rendront à Yaoundé dans les jours à venir pour affronter les candidats des autres régions.

Pr. Assoumou Jules lors de son exposé.

S’en est suivi la table ronde «  francophonie plurielle » qui a réuni des étudiants, chercheurs et cadres universitaires triés sur le volet, pour mener un débat riche en idées. De ces échanges, le public a appris que la francophonie plurielle est un concept qui célèbre la diversité et la richesse de la langue française à travers le monde. Tout en reconnaissant que le français est la 5ème langue parlée à travers le monde, le modérateur en la personne de Pr. Abdoul Nasser, Doyen de la faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Garoua, a précisé que ceci n’est pas sans exclure la richesse culturelle, les accents, les expressions et les traditions qui fondent l’environnement social de la région du Nord.

Etudiants, enseignants chercheurs, cadres administratifs, présents à la table ronde « francophonie plurielle ».

Dans un exposé développé par Pr. Assoumou Jules ; Vice-Recteur chargé du contrôle interne et de l’évaluation à l’Université de Garoua a donné  quelques raisons pour lesquelles il est important de parler de la francophonie plurielle : la diversité linguistique, les échanges culturels, une ouverture d’esprit, et les valeurs de solidarité. Loin donc l’idée erronée selon laquelle le français est la « langue du colon » qui ambitionne de faire disparaitre les langues locales. Il s’agit plutôt d’une langue à vocation institutionnelle qui vise de créer des ponts, qui puissent conduire à la résolution des conflits en tout genre. En effet,  la francophonie plurielle nous rappelle que le français n’est pas figé dans un seul modèle, mais qu’il évolue et s’adapte aux différentes réalités culturelles et géographiques. Grâce à elle, nous pouvons découvrir des œuvres littéraires, des films, des sports, de l’art, de la musique et des traditions venant d’ailleurs.

Parlant des œuvres littéraires, le Pr. Assoumou Jules en a profité pour revenir sur les travaux menés dans le cadre de sa participation comme co-auteur à la publication de l’ouvrage : Langues, littérature et identités culturelles. L’auteur prône un modèle sociolinguistique idéal pour anticiper sur les foyers de crise dans le contexte camerounais. En effet, le pays est en proie à une pluralité linguistique, source du conflit qui a pris des proportions de revendications sociales dans les régions d’expression majoritairement anglophone.

En somme l’usage de la langue est un facteur de résolution de conflits, et d’intégration sociale. D’ailleurs, des enseignants chercheurs présents à cette conférence ont témoigné avoir été des bénéficiaires de bourses, qui leur ont permis d’obtenir des formations de qualité dans des institutions prestigieuses. Le mot de la fin était pour la Directrice de l’Alliance française de Garoua, Mme Hyacinthe Porcher a invité le public à visiter la bibliothèque, riche en ouvrages divers pour les travaux de recherche.

Ange ATALA