Les travaux qui ont débuté le 04 septembre 2024 dans le cadre d’un atelier consultatif à Yaoundé, ont fait élire une femme à la présidence de ce comité, en cette fin d’après-midi du 5 septembre. Le projet NB-ITTAS couvre 11 pays, avec pour objectif d’améliorer la gestion, la gouvernance et la conservation, des ressources naturelles du bassin du Niger et des systèmes aquifères de la région soudano-sahélienne.
Mme Djenabou Marfing Marie Epse Gammi , est Maire de la commune de Madingring, départemant du Mayo-Rey, région du Nord Cameroun. Localité couvrant une superficie d’environ 3 490 km2, cette commune occupe une position stratégique dans la surveillance de la gestion au sein de ce comité national transfrontalier nouvellement constitué. La commune est située à environ 305 km de la ville de Garoua et à 105 km de Tcholliré, limitée au Nord et à l’Ouest par le Parc National de Bouba Ndjidda, au Nord et à l’Est par la République du Tchad. Elle est secondée par son vice-président désigné à l’unanimité, en la personne de M. Eric Patrick Tadjo, Conservateur du parc national de Bouba Ndjidda, expert en gestion durable des ressources naturelles.
Financé par le GEF (Fonds Mondial pour l’Environnement), le projet s’exécute à travers 2 agences des Nations Unies (PNUD et PNUE). L’action de terrain est menée par 4 agences : l’autorité du bassin du Niger, l’Observatoire du Sahara et du Sahel, l’UNESCO et l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel). L’objectif du projet NB-ITTAS est de gérer les ressources en eaux superficielles et souterraines à travers les aquifères, mais également d’instaurer un système de facilitation des concertations, à travers des organes directeurs, identifiés par le comité national mis en place dans chaque pays concerné par le projet.
L’un des bassins aquifères du fleuve Niger.
Des études ont démontré que le fleuve Niger a une relation entre les aquifères des souterraines. En effet, pendant la saison pluvieuse, les eaux du fleuve alimentent les réseaux des eaux souterraines, l‘inverse se produit pendant la saison sèche. Les aquifères du fleuve Niger jouent un rôle crucial dans l’hydrologie de la région. Il est nécessaire de noter que le fleuve Niger traverse plusieurs types d’aquifères, notamment des aquifères sédimentaires et des aquifères de socle. Les aquifères sédimentaires sont souvent plus productifs et peuvent stocker de grandes quantités d’eau.
Les aquifères alluviaux, situés le long du fleuve, agissent comme des tampons hydrologiques. Ils échangent de l’eau avec le fleuve et reçoivent un flux de base des aquifères régionaux. La recharge des aquifères dépend des précipitations et des inondations saisonnières. Dans certaines régions, les aquifères contiennent de l’eau fossile, qui n’est pas rechargée activement en raison des conditions climatiques actuelles. Ces aquifères sont essentiels pour l’approvisionnement en eau des populations locales, l’agriculture et l’élevage. Ils contribuent également à maintenir les écosystèmes locaux.
M. Allomasso Tchokponhoue.
Le Coordonnateur du projet NB-ITTAS, M. Allomasso Tchokponhoue nous affirme que : « le Cameroun partage deux plateformes transfrontalières, une avec le Nigeria, la seconde avec le Tchad…Ce mécanisme nous permet d’avoir un débit écologique normal, car cet espace est riche en biodiversité ». Raison pour laquelle il a été nécessaire d’identifier depuis 2020, des structures ayant une certaine expertise dans l’accompagnement technique, et l’opérationnalisation des résultats attendus du projet. Le projet est piloté au Cameroun avec l’accompagnement institutionnelle du MINEPAT, à travers l’ABN (Autorité du Bassin du Niger). Dans cette phase d’opérationnalisation, des structures aussi diverses que variées sont proposées pour faire partie du comité national de gestion, à l’instar des institutions universitaires pour mener des travaux de recherche, gouvernementales pour la collaboration administrative interétatique, et même des organisations de la société civile.
L’objectif principal de cette initiative est de préserver la biodiversité dans cette région soudano-guinéenne d’Afrique centrale et occidentale. Il s’agit de l’une des dernières zones de refuge pour de nombreuses espèces fauniques menacées d’extinction, telles que les éléphants, les lions, les girafes et les grandes antilopes. Le projet vise également à améliorer les conditions de vie des populations locales en renforçant le développement local et en mettant en œuvre des plans de gestion participatifs.
Elan de Derby/ parc national de Bouba Ndjidda.
Cela inclut des actions pour lutter contre le braconnage, la déforestation et l’exploitation illégale des ressources naturelles. En plus de contribuer à prévenir les dérèglements climatiques tels que les inondations, sècheresses, pollution des eaux, le projet NB-ITTAS compte soutenir les plateformes de la société civile. Il serait judicieux d’outiller les acteurs désignés, afin de militer pour réduire les déversements d’eaux usées industrielles dans les bassins aquifères du fleuve Niger, et promouvoir des mécanismes de surveillance collaborative.
C’est à cet effet que le projet NB-ITTAS a identifié 3 plateformes : l’écosystème transfrontalier de la mosaïque du plateau de Mandara regroupant le Cameroun et le Nigeria ; le complexe binational transfrontalier de Sena Oura et Bouba Ndjidda (également connu sous le nom de BSB Yamoussa) entre le Cameroun et le Tchad ; et enfin le complexe naturel transfrontalier WAP (W, Arly, Pendjari) regroupant le Benin, le Burkina Faso et le Niger.
Le comité de gestion de la plateforme concernant le plateau Mandara a été instauré le 2 septembre. Les prochaines rencontres concernant la création des organes de gestion au niveau régional se poursuivront à Abuja, au Nigeria, dans les semaines qui suivent. La partie camerounaise de l’opérationnalisation de ces plateformes transfrontalières se concrétise par cet atelier qui prendra fin ce 06 septembre 2024, et marquera une nouvelle ère de gestion du patrimoine des écosystèmes aquifères du bassin du fleuve Niger.
Ange ATALA