En marge des célébrations marquant la 12è édition de la Journée Internationale de la Fille (JIFI2024) le 11 octobre dernier, le Cameroun à travers le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) a marqué son engagement à soutenir les efforts en vue de créer un Cameroun où chaque fille peut réaliser son plein potentiel.
Le rapport officiel sur la situation des jeunes filles en 2024, intitulé « Nous rêvons encore: les filles et les jeunes vivant dans des situations de conflit », a été remis le 29 octobre 2024 à Yaoundé, au Pr. Marie Thérèse Abena Ondoa, MINPROFF. C’était en la présence des représentants de plusieurs corps constitués de l’Etat, particulièrement les membres du gouvernement, dont le Ministre de la Jeunesse et de l’Education Civique, Mounouna Foutsou, et Issa Tchiroma Bakary, Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle.
Les zones en situation de conflit au Cameroun incluent principalement les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ; touchées par un conflit armé entre les groupes séparatistes anglophones et l’armée camerounaise. Mais également la région de l’Extrême-Nord, affectée par les attaques de Boko Haram et d’autres groupes armés non étatiques. Les départements du Mayo-Sava, du Mayo-Tsanaga et Logone-et-Chari sont particulièrement touchés. Nous ne manquerons pas de noter que les régions de l’Adamaoua et de l’Est connaissent également une insécurité ambiante due à divers conflits suite aux incursions des groupes armés en provenance des pays voisins.
Mme Yarde Justina, présidente de l’association WOSCA( Widows, widowers parents, Orphans, and Single Child Care ), en compagnie des personnes en situation de déplacement interne, suite aux conflits armés dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest.
Présent au Cameroun principalement dans 8 régions, dont 5 en situation de crises, Plan International Cameroun tient un rôle important dans la contribution du Cameroun à ce rapport mondial. Dans le rapport, c’est lors de leurs déplacements sur le terrain que les équipes de Plan International Cameroon ont permis de recueillir le témoignage de Ikome, jeune fille de 16 ans , vivant dans une région en crise : « nous aimerions recevoir de la nourriture, un abri, disposer de mesures de sécurité pour que nous puissions nous déplacer ».
M. Mohamed Ibrahima BAH, Directeur Pays de Plan International Cameroon.
Ce Rapport annuel produit au niveau global par Plan International sur la situation des filles dans le monde a pour la première fois inclut les garçons et les jeunes hommes. La nécessité d’impliquer les jeunes hommes et les garçons tient dans cette explication de M. Mohamed Ibrahima BAH, Directeur Pays de Plan International Cameroon : « les garçons et les jeunes hommes sont enrôlés dans les mouvements armés », parfois contre leur gré, en échange d’un peu d’argent. Ceci dans l’intention de subvenir aux besoins primaires des leurs, et se rendent ainsi auteurs de crimes et de violences envers les femmes et les jeunes filles. En plus des filles et des jeunes femmes interrogées, une enquête à grande échelle a été menée auprès de 9 995 enfants et jeunes âgés de 15 à 24 ans, originaires de dix pays et de 104 autres personnes originaires d’Éthiopie, du Cameroun, de Colombie et des Philippines. Monsieur BAH a ajouté « 46% de jeunes se sentent menacés, les étapes traditionnels pour terminer les études, et trouver un emploi sont retardées, Plan International Cameroon se joint aux autres acteurs humanitaires, pour soutenir les populations atteintes par ces crises, par une éducation inclusive et de qualité, leur permettant d’être autonome dans les décisions prises en leur endroit, et de participer au développement de leur pays ».
Kimberly Salla.
Le témoignage de Kimberly Salla, jeune fille, qui déclare avoir perdu son père 2 fois, a bénéficié de l’encadrement de Plan International Cameroon, elle est venue renforcer la pertinence des actions menées sur le terrain. « En temps de crise, garder le silence c’est se rendre complice ». La jeune fille de 23 ans, aujourd’hui diplômée en ingénierie mécanique, de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé, a exprimé sa reconnaissance par un chant dont les paroles de refrain disent « scream until they hear your voice ». Ce qui traduit est un appel aux jeunes filles en situation de conflit, de faire retentir leurs voix, jusqu’à ce qu’elles se fassent entendre.
Projection d’un court métrage en l’occasion.
Une action qui se poursuit dans le temps, « Les enfants n’ont pas toujours accès à la justice pour leur protection, nous avons engagé en 2018 des démarches pour la conformité juridique, avec l’accompagnement de Plan International Cameroon, pour l’adoption d’un document de plaidoyer auprès de l’Assemblée Nationale, pour qu’un code de protection de l’enfant, permette une meilleure prise en charge », ainsi s’est confié Léon Bertrand Enama, présent à la cérémonie, en sa qualité de président de la Cameroon Child Right Civil Society Organisation Network. Une initiative qui ne compte pas s’arrêter là, puisque des discussions continuent, pour que soit effective l’amélioration du cadre de vie des jeunes filles, particulièrement celles vivant en situation de conflit.
Un extrait du rapport 2024 sur la situation des jeunes filles en situation de conflit.
L’objectif principal de cette cérémonie de présentation officielle du rapport sur la situation des jeunes filles en situation de conflit, est de mettre en lumière les défis et les opportunités auxquels les filles et les jeunes femmes sont confrontées, en particulier dans les zones affectées. A titre de rappel, le thème de la Journée Internationale de la Fille (JIFI) 2024 adopté par les Nations Unies est « La vision des filles pour l’avenir ». L’une des contributions de Plan International Cameroon à cette réflexion mondiale, est la campagne mondiale #EnsemblePourLaPaix, basée sur les travaux autour du thème des “filles dans les conflits”, soutenue par le rapport dont la présentation officielle est désormais effective au Cameroun.
Ange ATALA