la 6ième session de formation a récompensé des étudiants, chercheurs et activistes de la cause environnementale, lors d’une cérémonie sobre, mais riche en enseignement, ce 14 Octobre 2023, au sein des locaux qui abritent l’association, à Yaoundé. Nous nous sommes entretenus avec le promoteur de cette initiative, en la personne de Steve ESSONO, tandis que la 7 ième session a démarré ce 31 Octobre 2023.
La participation des populations au développement local passe par une meilleure compréhension des enjeux socioculturels, pour le bon déroulement des activités liées à l’implémentation des infrastructures pour le développement durable dans les localités. Cette implication vise à garantir une plus grande efficacité et une pérennité des actions de développement , en réduisant les sources de blocages en amont et en favorisant l’appropriation par les groupes sociaux des projets qui leur sont destinés. Reconnaissons-le, les plaintes de populations sont légitimes dans la mesure où elles se voient exproprier les terres léguées par leurs ancêtres, ce qui leur confère une dimension anthropologique considérable. Les espaces convoités pour la construction des projets tel que les barrages hydroélectriques, constituent la source d’approvisionnement en eau, aliments, médicaments traditionnelles, ils offrent d’autres bénéfices écosystémiques de proximité aux populations. Toutefois, d’après une étude menée par Leroy en 2005 ; Aït Hamza et al. en 2007: » la notion de participation, pourtant indispensable dans nombre de projets de développement , est employée indifféremment pour qualifier des situations, des pratiques et des processus très divers, dans lesquels l’implication des populations connaît différents degrés, sans un souci réel de cohérence ». C’est donc pour limiter les déviances et les poursuites judiciaires, sans oublier la cessation des activités des projets de développement que des éclaircissements dans le cadre d’une étude d’impact environnemental et social s’imposent.
Steve ESSONO, chef de mission à l’élaboration du plan d’aménagement de la pêcherie de la retenue d’eau du barrage de Nachtigal amont.
Objectifs visés par la formation
La formation sur les évaluations environnementales et sociales au Cameroun poursuit l’objectif
de sensibiliser et d’imprégner l’ensemble des acteurs (promoteurs de projets, populations
riveraines, société civile, agents de l’État et des municipalités) sur la question des évaluations
environnementales et sociales qui constitue l’un des processus administratifs qui favorisent la
participation de tous dans le cadre de la mise en œuvre des projets publics ou privés qui sont
susceptibles d’affecter l’environnement et les communautés riveraines à ces projets.
Combien de personnes formées à ce jour
Le programme de formation en ligne sur les évaluations environnementales et sociales a débuté
le 08 novembre 2021. Rendu au 14 octobre 2023 nous avons formés plus d’une centaine de
personnes en six sessions, mais nous comptabilisons 114 personnes qui ont achevé la formation
et surtout validé tous les tests. Car il faut noter que nous avons dès le départ institué un système
d’élimination pour les participants qui n’atteignent pas la note demandée ou qui déposent leur test
en retard , ou encore qui obtiennent une note inférieure à la moyenne lors de l’entretien oral devant
jury qui compte pour 50% de la note finale. Il faut également signaler que nous avons
formé des personnes étrangères (béninois, congolais, tchadiens, etc.).
Un lauréat de la 6ième session de formation.
Qu’est ce qui a motivé votre disposition à organiser cette formation ?
Les évaluations environnementales et sociales constituent l’un des processus dans le cadre de
la mise en œuvre d’un projet qui sollicite l’avis des populations riveraines. En effet, le décret
n°2013/0171/PM du 14 février 2013 fixant les modalités de réalisation de l’étude d’impact
environnemental et social spécifie dans son article 20 (1) que « la réalisation de l’étude d’impact
environnemental et social ou de l’évaluation environnementale stratégique doit être faite avec la
participation des populations concernées à travers les consultations et audiences publiques, afin
de recueillir les avis des populations sur le projet ». Pourtant, lors de la réalisation de nos travaux, nous
avons constaté que les populations invitées n’étaient pas assez imprégnées des enjeux de ces
réunions, leurs objectifs étant pour la plupart ailleurs. Ce constat nous a interpellé car pour
nous, cela remettait en cause la pertinence des consultations publiques. Nous avons donc décidé
d’engager ces sensibilisations afin de mettre tout le monde au même niveau de connaissance afin
d’avoir des débats justes et équitables lors des consultations publiques qui bénéficient aux
promoteurs de projets, aux populations et à l’administration.
D’un autre côté, la loi consacre une autre forme d’évaluation environnementale et sociale qu’on
appelle notice d’impact environnemental (NIE). La réalisation de la NIE ne nécessite pas
d’agrément comme c’est le cas pour les autres types d’évaluations environnementales et sociales,
ce qui constitue une niche d’emplois plus ou moins importante pour de nombreux jeunes. La
formation a donc également le but de capaciter les jeunes à la réalisation des NIE afin que ces
derniers puissent avoir des opportunités d’emplois dans le domaine de l’environnement.
Comment se déroule la formation ?
La formation se déroule principalement en ligne pour le moment. Nous commençons par lancer
un appel à candidature où nous sélectionnons 25 hommes et 25 femmes. Nous disposons d’une
plate-forme où sont postés les 4 modules. Ainsi, chaque lundi, nous postons un module et les
participants disposent de 10 jours pour déposer leur test dans la plate-forme. Ils ont également
la possibilité de poser des questions dans la plate-forme et d’obtenir des réponses. Nous avons
également des « classes » sur l’application de messagerie Whatsapp où les participants peuvent également poser directement soumettre leurs préoccupations aux formateurs que nous avons appelés tuteurs.
Ces classes permettent de communiquer les différentes informations qui entrent dans le cadre de
la formation et chaque dimanche à 15h, nous avons un entretien sur Zoom ou Google Meet pour
expliquer le module et répondre aux questions des participants en direct. La validation d’un
module est conditionnée par le dépôt à temps du test, l’obtention d’une note supérieure ou égale
à 70% pour chacun des modules. Puis, nous avons un test oral où nous invitons des
professionnels des évaluations environnementales à évaluer les participants. La validation de
ce test s’obtient avec une note supérieure ou égale à 70% , puis nous faisons la moyenne des tests
écrits et du test oral.
Recevez-vous des subventions dans le cadre de cette activité ?
Pour le moment, l’association ne reçoit pas de subventions. Les activités portées par l’association
se font avec l’appui de sa branche commerciale qui est le bureau d’étude Essah Consulting Sarl,
qui prend à ce jour l’ensemble des charges financières de l’association. Bien évidemment, nous
avons également l’appui des volontaires qui apportent des connaissances et suggestions pour
faire avancer le projet. Pour accroître notre offre et l’ampleur de nos activités, nous sommes
également à la recherche de partenaires divers, nous espérons en avoir dans un futur proche.
Quelles en sont les charges générées ?
Diverses charges sont générées par le fonctionnement de l’association, celles-ci vont du loyer
pour le siège social, au location des salles principalement dans la ville de Douala pour la remise
des attestations, à l’impression des documents divers, à la connexion internet, l’essentiel de notre
programme de formation se déroule en ligne pour l’instant. Nous projetons aller à la rencontre
des communautés rurales au cours de l’année 2024. Il est également important de noter que pour
le moment, nous travaillons avec des personnes ressources bénévoles à l’instar des formateurs,
des membres du jury, etc. Mais nous souhaitons avoir une petite rémunération pour ces dernières
dès l’année 2024.
Messages à formuler aux administrations?
Nous avons connaissance des activités des administrations en faveur de la promotion et l’accompagnement des jeunes , notamment accordés par le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique (MINJEC), du Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED) et de nombreuses autres associations. Nous apprécions l’encadrement qui est apporté aux acteurs de la société civile notamment les jeunes et nous sommes en train de constituer pour cette année, les différents dossiers pour bénéficier de ces encadrements.
Vue aérienne d’une partie des ouvrages amont du chantier Nachtigal.
Votre association est greffée aux activités de votre cabinet, quel projet remarquable
avez-vous réalisé récemment ?
Nous essayons de constituer deux entités bien différentes que sont l’association d’une part et le
cabinet d’autre part, le but étant à moyen terme de permettre à l’association d’être autonome
financièrement avec l’appui des membres et nous espérons le soutien des partenaires. En dehors
de la formation, l’association a participé aux consultations publiques relatives à l’élaboration du
plan d’aménagement de la pêcherie du barrage hydroélectrique de Nachtigal amont, où elle a
essayé de défendre les considérations sociales et environnementales. Le cabinet fait également
appel et ceci prioritairement à des jeunes formés dans le cadre de la formation pour des stages
ou des prestations diverses.
Ange ATALA