Conservation de la biodiversité : Sanaga-Yong Chimpanzee Rescue accompagne le MINFOF et le MINEPDED.

C’est sous des lumières tamisées de la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, ce 14 Décembre 2023,  qu’une poignée d’invités triés sur le volet, parmi les acteurs de la préservation des ressources naturelles que l’initiative a été saluée.

Pour découvrir cette merveille de la conservation, il faut effectuer une vingtaine de kilomètres après Belabo, en pleine forêt dense de la région de l’Est Cameroun, à Mbargue. Le Sanaga-Yong Chimpanzee Rescue, une dizaine d’hectares de forêt vierge, pour accueillir divers espèces de gorilles et chimpanzés, victimes de l’acharnement anthropique. Les plus de 80 (un chiffre en constante augmentation) hominidés, résidents de ce sanctuaire, sont les heureux bénéficiaires d’un traitement de qualité, qui n’est pas sans rappeler les traumatismes qui les ont contraints à fuir leur lieu d’habitation naturel. Ces pauvres êtres sont victimes de la chasse, de la déforestation, de la disparition de leur habitat naturel, de l’urbanisation,  du braconnage ; quand ils ne sont pas surexposés comme bêtes de foire dans des parcs d’attraction à l’étranger, dans des conditions de transport effroyables. Que ce soit leur chair ou les produits dérivés de leur massacre, la corruption autour de ce commerce illicite  ne fait qu’amplifier le besoin de les protéger de l’extinction sous-jacente.

sensibilisation du MINFOF

   Pourtant acteurs de première ligne de la conservation des espèces qui fait la fierté du bassin du Congo, le Cameroun occupe une place très enviée (5ième pays africain riche en terme de diversité biologique)  pour sa capacité à regorger d’une biodiversité exceptionnelle.  En effet, dans notre Afrique en miniature, on compte : 8260 espèces végétales, 409 espèces de mammifères, 542 espèces de poissons, 850 espèces d’oiseaux et 330 espèces de reptiles.  Selon une enquête de MédiaTerre, c’est donc un total de 10391 espèces biologiques répertoriés en 2018, et qui on le suppose ne cesse d’accroitre au vu des rapports de recherches en cours d’élaboration. Cette diversité n’est pas le fait du hasard, il est vrai que la grande diversité Ecosystémique (climats, reliefs, végétation, hydrographie, faune, sol et sous-sol…) est favorable à la pluralité des ressources naturelles. Mais les véritables acteurs de la conservation, ce sont  les insectes, mais aussi et surtout, les primates de par leur mode de vie.  Ils transportent les glands à travers les espaces qu’ils traversent dans leur migration, et même leurs excréments contribuent à la fertilisation des milieux.

Jaky, le tout premier résident du Sanaga-Yong chimpanzee rescue.

Les chimpanzés et gorilles font face à un risque élevé d’extinction dans la nature, dans un avenir proche, probablement avant 2050. Si aucune mesure palliative n’est adoptée, un grand tort se profile à l’horizon.  Ce qui n’est pas pour arranger la politique du Ministre de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED), HELE Pierre qui a dit : «  le Cameroun dispose d’un patrimoine naturel très riche et propice au développement du tourisme ».  Mais pas n’importe quelle forme de tourisme, nous parlons du « tourisme de vision » ou écotourisme, une forme de tourisme durable, qui passe par la conservation et la valorisation du patrimoine naturel.  Il est des pays dont on pourrait se servir du modèle de cette pratique, c’est le cas de la Namibie, région la plus sèche au monde, mais aussi la plus riche en terme de biodiversité mondiale. C’est une contribution de 7,2 Milliards de dollars namibien au PIB du pays  (soit 390 millions de dollars américains) correspondant ainsi à  232 Milliards de francs CFA. Une richesse inexplorée jusqu’ici au Cameroun, pourtant facteur d’attractivité pour les territoires, contribution à l’équilibre  économique, favorable à la cohésion sociale, ticket gagnant pour le développement durable. La loi de finance pour l’année budgétaire 2024 qui vient d’être adoptée, aux dires de certains annonce l’élargissement de l’assiette fiscale, un soupçon à peine voilée d’une inflation couvée, et pourtant des solutions en harmonie avec la nature existent, et ont déjà fait leurs preuves ailleurs.

Sanaga-Yong chimpanzee rescue dispense des formations à l’éducation environnementale.

  Pour explorer l’éventualité d’une plus-value qu’apporterait ce sanctuaire, nous avons abordé  M. TADONG Leonel, chef de la cellule  de la programmation et des projets au MINFOF (Ministère des Forêts et de la Faune) qui travaille en étroite collaboration avec l’équipe du Sanaga-Yong Chimpanze Rescue.  Ses propositions tournent autour de trois axes principaux : les infrastructures, l’économie, la formation. Il suggère : «  on peut construire des sites d’hébergement, un système d’accompagnement des touristes dès l’aéroport, la commercialisation des PFNL (produits forestiers non ligneux), l’artisanat local, l’emploi local, créer des centre de recherche pour former aux métiers liés au tourisme de vision ». Car pour le moment ce qui est observé  c’est le manque d’information sur l’accès aux sites touristiques, la carence de capacité d’accueil des visiteurs vers les destinations les plus attrayantes, bref toute une filière prometteuse, en souffrance. Pour  démontrer de la pertinence que représente le sanctuaire Sanaga-Yong, son Excellence Christopher J. LAMORA, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Cameroun, a récemment visité le site (voire image en page de titre).  

Nous Saluons au passage la dévotion de Dr. Sheri SPEEDE, Médecin vétérinaire de formation, qui a fondé le sanctuaire depuis bientôt un quart de siècle. Cette initiative vise à limiter la casse qui provient des constats alarmants  énoncés précédemment.  Pour vous faire une idée du sanctuaire, nous vous proposons de regarder cet extrait vidéo tourné à l’occasion des 20 ans d’existence, qui vous rend sommairement compte des actions menées dans le Sanaga-Yong Chimpanzee Rescue. Les chimpanzés n’ont pas besoin de nous pour vivre, mais nous d’eux pour survivre.

Ange ATALA