« Le projet d’embouteillage de l’eau a été très bien accueilli par les consommateurs, de par sa mission sociale, c’est une manière pour la CAMWATER de s’investir sur le bien-être des populations, pour une économie durable » _Francis Eyalla / président exécutif du Réseau National des Consommateurs du Cameroun (RNCC).
« L’eau potable est une denrée économique à tous égards, en plus d’être une denrée sociale »_Dr. Blaise Moussa, vient de mettre en lumière des éléments qui justifient le projet de mise en vente de l’eau embouteillée par la société Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER). C’était à l’occasion de la table ronde de ce 3 juillet 2025, tenue à l’occasion du Salon pour l’Action Gouvernementale (SAGO), rendu à sa 14è édition.
La tendance est à voir l’eau comme une denrée sociale, mais sa mission va bien au-delà. Car les besoins de base des populations nécessitent que l’eau soit potable, tant pour l’usage des ménages, que des entités économiques, telles que les sociétés industrielles, à grande et petite échelle. L’accès à l’eau potable est un défi majeur pour justifier de la croissance économique, afin de garantir la santé et la sécurité des acteurs clés du PIB au niveau national. Dans son propos, Dr. Blaise Moussa, le DG de CAMWATER a tenu à préciser que : « L’eau est essentielle à la croissance économique, figurez-vous bien que les boulangeries, les hôtels, les usines de transformations, les sidérurgies, utilisent aussi de l’eau potable ».
Pourquoi CAMWATER veut embouteiller de l’eau alors que son métier est de fournir de l’eau du robinet ?
C’est la question qui brûle les lèvres de la plupart des consommateurs, car comme action marquante du projet PAEPYS (Projet d’Alimentation en Eau Potable de Yaoundé), suite à la réhabilitation de 30 unités de production, on est passé de 870 000 m3 d’eau journalier, à 1 250 000 m3 , permettant à 6 camerounais sur 10 d’avoir accès à l’eau potable. Mais le besoin des camerounais en eau embouteillée est tout de même évalué à 5 000 000 m3/an, pourtant l’ensemble cumulé des acteurs de la filière des sociétés en charge de l’embouteillage des eaux au Cameroun ne fournit que 1 600 000 m3, soit un gap à couvrir de 3 400 000 m3 .

La CAMWATER prend très au sérieux sa mission de conditionnement et d’approvisionnement des consommateurs en eau potable, ce qui a suscité le besoin de repenser à s’engager dans le marché de la mise en bouteille et de la fourniture en eau d’une qualité contrôlée par un acteur gouvernemental. Notons que plusieurs cas d’intoxication alimentaire ont été signalés dans les hôpitaux, suite à l’ingérence d’eau de qualité discutable.
Ne pas confondre l’eau de table à l’eau minérale !
L’eau minérale est extraite d’une source profonde dont les caractéristiques organoleptiques et minéralogiques garantissent la santé et la sécurité par leur qualité permanente. Tandis que l’eau de table que compte produire CAMWATER est en entrée de gamme, pour une eau déjà conforme à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Le défi réside dans la conformité à une nouvelle rigueur, la norme du CODEXALIMENTERIUS FAO-WHO et de l’ISO, programme commun de l’OMS et de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture). Cette procédure consiste en le respect dans l’application des textes et l’élaboration des normes alimentaires internationales, destinées à protéger la santé du consommateur et de promouvoir des pratiques loyales dans le commerce international des denrées.

Dr. Blaise Moussa au SAGO 2025.
L’eau embouteillée est une action sociale, une nouvelle casquette qui se veut garantir la qualité sanitaire de l’eau portée à la consommation directe des populations camerounaises, mais aussi et surtout d’ouvrir une nouvelle assise commerciale pour la croissance économique de l’ensemble des acteurs du pouvoir public. Faute de conditionnement, CAMWATER offre 1m3 (soit 1000L) d’eau potable à 350F CFA, à des entités commerciales qui la traitent par un processus d’ultrafiltration et la reconditionnent pour la revendre à hauteur de 100F CFA/L. Pourquoi l’Etat du Cameroun, par la voie de CAMWATER ne profiterait pas de cette niche économique, susceptible de couvrir les charges en matière d’entretien des infrastructures déjà vétustes de fourniture d’eau aux ménages ?
Ange ATALA