Du 22 au 23 Juin 2023 s’est tenu à Paris une rencontre marquant la ferme volonté des gouvernements de repenser l’architecture pour une finance verte plus équitable.
Bénéficiant de 4 à 5% du budget consacré à la finance pour le développement durable, il est triste de constater que les continents abritant les poumons écologiques de la planète sont les parents pauvres des fonds alloués à cet effet. Les territoires abritant l’Amazonie et le bassin du Congo sans qui les conséquences de l’atténuation pour limiter le désastre climatique seraient davantage perceptibles, ne bénéficient que très peu de l’aide des pays développés. Car, les aides alloués suivent un processus en inadéquation avec les efforts déployés par leurs institutions et les peuples autochtones dans leur volonté de préserver les écosystèmes. Les raisons de cet état de chose tirent leurs origines depuis la création des institutions de Bretton Wood.
Créées en 1944, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale naissent à la suite des deux guerres mondiales, et dans un contexte de décolonisation encore frais dans les mémoires. Ce qui justifie le constat selon lequel :
- Les pays du « global South » littéralement les pays du sud, en proie à l’hégémonie des colons en provenance du grand nord impérialiste, n’ont pas pu participer aux débats conduisant à la mise en place des mécanismes à eux imposés pour le partage équitable des fonds dans le paysage des finances sur l’échiquier mondial.
- Les modèles utilisés jusqu’à nos jours ne sont pas favorables aux pays sous-développés, du fait qu’ils ne tiennent pas compte des nouveaux facteurs participant à la finance durable.
- Les effets du changements climatiques se font davantage ressentir auprès des populations des pays du Sud, qui en plus de faire face à la pauvreté (parce qu’ils préservent leurs ressources) sont les plus exposés aux catastrophes naturelles (inondations, sècheresse, ouragans…)
- Des dettes avec des taux d’intérêt exorbitants qui asphyxient les économies déjà précaires, encore en proie à la dépendance des pays colonisateurs.
Une trajectoire vers un partenariat financier plus équilibré entre le Sud et le Nord
La nécessité de démocratiser l’espace des échanges commerciaux se dessine à travers des méthodes telles que :
- Un nouveau système de compensation pouvant contribuer à l’annulation de la dette des pays pauvres ;
- La mise en place d’un système fiscal international tenant compte des réalités de chaque pays impliqué ;
- Une nouvelle taxation du système d’exploitation des énergies fossiles, tout en promouvant les solutions d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.
Le communiqué final du sommet a permis de confirmer la volonté des grands dirigeants mondiaux, dans leur désir de rééquilibrer les avancées vers une finance durable. Le Président de la République Française a invité les chefs d’État et de gouvernements, des représentants d’institutions financières mondiales et des représentants du secteur privé et de la société civile à jeter les bases d’un nouveau système pour relever les défis communs : la lutte contre les inégalités, le changement climatique, la protection de la biodiversité. C’est sur cette note positive qu’il a pu s’exprimer ainsi :
» Nous frapperons fort, car nous allons tout d’abord établir un nouveau consensus. La lutte contre la pauvreté, la décarbonation de notre économie, afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et la protection de la biodiversité sont étroitement liées. Nous devons donc nous accorder conjointement sur la meilleure façon de faire face à ces défis dans les pays pauvres et les pays émergents du monde en développement, sur le montant des investissements, sur la réforme de l’ensemble des infrastructures comme la Banque mondiale, le FMI, les fonds publics et privés, et sur la manière dont il nous faut engager un nouveau processus ». EMMANUEL MACRON, Président de la République française
Auteure: Ange Atala