Attestations de fin de formation aux formateurs des cultivateurs de coton à l’alphabétisation

La 9ièm édition de la session de formation destinée aux formateurs des producteurs de coton, a donné de la lumière à cette  initiative conjointe de la Confédération Nationale des Producteurs de Coton du Cameroun (CNPC-C),  en collaboration avec le Ministère de l’Éducation de Base, la Société de Développement du Coton (Sodecoton) , ainsi que l’ambassade de France ; l’évènement s’est tenu le samedi 14 décembre à l’Alliance Française de Garoua.

Avant le lancement de l’initiative d’alphabétisation des cultivateurs de coton dans la région du Nord Cameroun en 2014, le taux d’alphabétisation des producteurs de coton était très faible. Ce qui démontre l’ampleur du défi que le projet s’est donné, de relever le niveau des connaissances de base en écriture, lecture et calcul, destinées à améliorer les compétences des  paysans, cultivateurs de coton. Le rapport du projet d’appui à la filière coton (PAFICOT) financé par la Banque Africaine de Développement (BAD), mené  en 2016 dans 4 pays sahéliens (Bénin, Burkina Faso, Mali, Tchad) a montré qu’un cultivateur de coton alphabétisé,  augmente de 15 % sa productivité.

Rendu à 10 ans après le lancement du  projet d’alphabétisation des cultivateurs de coton du Nord, le constat est fort encourageant pour les organisateurs, dont l’action a pu faire la différence dans l’approche andragogique, visant à améliorer la qualité de vie des paysans.  Il était surtout question de booster l’économie locale, à travers la dispense de formations du niveau 4, en vue de varier les activités génératrices de revenus.  Jusqu’à lors, les paysans étaient dépendants des revenus issus de la seule  culture et de la commercialisation du coton, auprès de la Sodecoton. Mais avec la baisse de la qualité du sol, les fluctuations des prix du marché du coton, le relèvement du niveau de vie des paysans était discutable.  Il était de bon ton de sortir ces paysans de la dépendance à cette monoculture de rente, par  l’adoption de différentes autres formes d’obtention de fonds pour la survie des ménages.

M. Ebah Essonguè, remettant l’attestation à M. Adamou Kada Emmanuel.

Adamou Kada Emmanuel, enseignant formateur de niveau 4, au centre de Djaaradjé, s’est exprimé ainsi : « cette session de formation de 15 semaines nous a vraiment aidé, il fallait acquérir des connaissances théoriques et pratiques, pour la fabrication de produits comme les détergents, mais aussi l’initiation à la gestion des coopératives ; en remerciant les organisateurs, nous tenons à relever que cette formation nous aidera même à titre individuel ». L’objectif primordial qui est la réduction de l’analphabétisme, a permis de former plus de 6000 producteurs de coton, âgés de 18 à 55 ans, et répartis dans 33 centres d’apprentissage, pilotés par 99 enseignants,  couvrant une soixantaine de villages.

10 heures de cours par semaine, au sein des écoles publiques, mises à la disposition par le Ministère des Enseignements de Base,  ont aidé les agriculteurs à  savoir compter, mesurer les parcelles. Cette campagne d’alphabétisation va au-delà de lire, c’est surtout un facteur d’inclusion sociale, pour des adultes qui sont moins marginalisés dans la société. Ils savent désormais peser leurs récoltes, négocier les prix auprès des gros exploitants, mais encore, ils savent mesurer les intrants, ce qui leur évite l’usage abusive des engrais chimiques, responsables du lessivage des sols.  Sans oublier les aptitudes à budgétiser leurs revenus, entrainer leur progéniture dans les exercices scolaires, et anticiper sur les périodes de pertes de récoltes, liées aux catastrophes climatiques.

Mme Galvadaï Eveline , formatrice.

Exposition des produits, fabriqués par les futurs formateurs.

Une véritable révolution, pour les femmes qui constituent 74% des effectifs des bénéficiaires à la campagne d’alphabétisation, connaissant le contexte socioculturel sur la situation des femmes, et des filles. La plus-value à une portée significative en matière de cohésion sociale. Les bénéficiaires de la formation ont acquis des compétences pour fabriquer du savon (solide, liquide et en poudre) ;  mais aussi de la vaseline, du menthol,  tout ceci à base de l’huile de coton. Pour monsieur Ebah Essonguè, représentant de la Directrice de l’Alliance Française de Garoua : « le symbole de cette campagne d’alphabétisation est large, en dehors de l’initiation à l’entreprenariat, c’est  aussi des notions de gouvernance participative inculquées aux paysans, qui ne seront plus ignorants des décisions prises au sein de leurs communautés respectives, ce sont autant de choses qui concourent à l’épanouissement individuel ».

Mad Kaltoumi, l’unique femme, ayant bénéficié de la formation des formateurs.

Principalement financée par la Sodecoton, et l’ambassade de France, la formation des cultivateurs va se poursuivre, de manière beaucoup plus étendue, grâce au soutien pédagogique du Centre Technique de Garoua (CTG), spécialisé dans une offre de formation aux métiers pratiques. Le représentant de la Sodecoton a exprimé sa satisfaction : « lire, écrire, compter, mais surtout savoir mesurer les intrants, remplir les formulaires, ou les carnets d’épargne, signer les chèques, peser les récoltes ; contribuer à la vie associative des coopératives, par la prise de parole en public, ne sont plus des actions difficiles pour les apprenants, ils ont augmenté leurs revenus, et amélioré leur qualité de vie, c’est au profit de la Sodecoton qui va continuer à financer cette campagne, c’est ainsi que le développement va suivre ».

Dans le cadre de sa politique de service public, la Sodecoton est une entreprise qui soutient ses producteurs en mettant à leur disposition les éléments nécessaires pour les aider à mener à bien leurs activités. Dans le cadre des conventions liant la Sodecoton à la CNPC-C, ils accompagnent les producteurs par les actions suivantes, qui nécessitent un bon taux d’alphabétisation :

  • Appui à la professionnalisation des groupements de producteurs de coton
  • Achats et financements des intrants et équipements agricoles
  • Gestion du crédit agricole au profit des producteurs
  • Appui à l’élevage dans des exploitations cotonnières
  • Cogestion du « Fonds de roulement engrais de la filière cotonnière » et la fixation du prix de cession des intrants agricoles aux producteurs
  • Cogestion du « Fond de gestion du risque-prix coton » et la fixation du prix d’achat du coton graine aux producteurs ainsi que des compléments éventuels de prix.

Ange ATALA