LA TECHNOLOGIE POUR LA TRANSPARENCE DANS LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Il est désormais attendu des Etats qu’ils soient plus outillés en matière de technologie pour offrir des données quantifiables et traçables dans la durée, favorables à la mise en place des politiques d’atténuation et d’adaptation, afin de formuler des propositions de projets orientées pour  l’octroi des financements climats.

Du 05 au 07 Juillet 2023 à  Ebolowa , au Sud Cameroun, s’est tenu un atelier national de formation destiné aux principales parties prenantes pour la transparence de l’action climatique au Cameroun. En présence des organisations de la société civile telle que JVE-CMR, des représentants des institutions internationales telle que Friedrich Ebert Stiftung,  et des cadres de différentes administrations camerounaises ; l’activité organisée par le Hub Régional pour la Transparence de l’Action Climatique (Initiative for Climate Action Transparency (ICAT)), a eu un franc succès. Nous ne manquerons pas de souligner  le soutien financier de l’UNOPS et l’expertise technique du cabinet FOKABS, sans oublier l’appui institutionnel du MINEPDED.

L’atelier avait pour objectif général de renforcer les capacités des parties prenantes, et d’aboutir à la création d’un cadre de concertation multi acteurs, pour la conception d’un plan d’action national à court et moyen terme, en vue de l’amélioration de la transparence dans le secteur climat. Ce qui nous pousse à questionner l’accent mis sur la «  transparence »  devenu  depuis peu un facteur incontournable dans la lutte contre les changements climatiques. Tout part de l’article 13 de l’accord de Paris, en effet, lors de la Cop 15, de nouvelles orientations faites sur les enjeux de la convention cadre des Nations Unies pour la lutte contre les changements climatiques, ont été reprécisées à savoir : l’atténuation, l’adaptation, le financement.

Des données climatiques : une aide à la décision pour des politiques transparentes

La transparence est la colonne vertébrale de l’Accord de Paris sur le climat ;  il encourage les gouvernements du monde entier à mettre en place des systèmes de données et d’informations fiables. A travers la technologie, ceux-ci sont en mesure de concevoir au mieux, la mise en œuvre et le suivi de leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) pour de meilleures stratégies qui vont perdurer dans le temps.

Interrogé sur le sujet, M. Jules Maxime NGUEMADJI MOUSSA ; Expert REDD+, et Assistant Technique National BUR process au Ministère de l’environnement, de la protection de la nature et du développement durable, soutient le paradoxe selon lequel «  les technologies ont leur coté polluant c’est vrai, mais nous ne pouvons pas vivre sans , raison pour laquelle on peut s’en servir comme outil dans la recherche des données, tout en optant pour l’usage des technologies moins polluantes afin de minimiser les effets , comme les énergies propres ». Il continue en disant : « toutefois les données seules ne suffisent pas à rendre compte de la transparence dans l’action climatique, elles doivent être documentées et mises à disposition ».

Le Cameroun en voie de produire un plan d’action pour la transparence climat

Avec l’économie la plus stable dans le bassin du Congo, le Cameroun est un acteur incontournable du régime climatique international. A cet effet, le gouvernement a ratifié l’Accord de Paris et s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25% d’ici 2030 (par rapport aux émissions de 2010) grâce à sa contribution déterminée au niveau national (CDN). Mais avec des ressources limitées et l’absence d’un cadre global de concertation des parties prenantes, le gouvernement n’a pas réussi à intégrer ses initiatives de manière contextuelle, encore moins de coordonner et de collecter des données auprès d’autres institutions, laissant des écarts de compréhension entre les rapports d’inventaires présentés et les données réelles sur les émissions disponibles dans les différents secteurs ( agriculture, transport, industries, énergies…) aux proportions variables suivant le secteur géographique étudié.

Pour aider à combler ces lacunes et répondre aux exigences de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), un système de surveillance, de notification et de vérification (MRV) plus robuste et durable est nécessaire. Un système MRV qui pourrait intégrer de manière exhaustive toutes les initiatives en cours et qui est soutenu par un cadre réglementaire cohérent, des outils et un financement à long terme. Tout en se servant du modèle adopté par le Tchad, les participants de l’atelier ont émis des propositions contextualisées pour la mise en œuvre des recommandations soumises lors des différents échanges. En étant transparent et inclusif, le processus a permis de prendre en compte les points de vue des différentes parties prenantes dans la construction du plan d’action qui servira de draft au document consolidé,  et aidera à clarifier les rôles et les responsabilités en ce qui concerne la collecte et la compilation des données. Avec l’appui du MINEPDED, un processus approfondi de sensibilisation à partir de la base a contribué à créer un plus fort sentiment d’appropriation nationale du système de transparence pour les jours à venir.

Auteure: Ange Atala