Les acteurs de la santé, engagés auprès des peuples autochtones, pour la préservation de la biodiversité

Dans le cadre du  projet Biodiverse Landscape Fund, un atelier a réuni médecins, hauts cadres du Ministère de la Santé Publique,  forces de l’ordre, et leaders des peuples autochtones, le 4 décembre 2024 à Mbankomo. Le projet a pour ambition d’améliorer la gestion durable des forêts, tout en soutenant les communautés locales, dans le domaine de la santé de la reproduction.

En matière de préservation des ressources naturelles, facteur contribuant à la biodiversité, ces  acteurs de premier plan, sont les principaux gardiens de la sauvegarde dans le bassin du Congo. Victimes de la transition entre leurs méthodes ancestrales et la médecine moderne, les populations autochtones se retrouvent très souvent dans des situations de crise sanitaire. Témoin le cas de Boï Martine, membre de la communauté Baka de Lomié, sénatrice jeune pour l’Union Africaine, mère de 3 enfants : «  Il y’a de cela quelques temps, j’ai perdu mon nourrisson âgé de 4 mois et demi, suite à une négligence du corps médical, au sein de la structure sanitaire dans laquelle j’ai accouché. »

Présentation de la situation des bénéficiaires, en matière de santé de la reproduction.

Le récit poignant de ce triste cas, vient relever les manquements très souvent observés dans le cadre des projets de developpement, qui impliquent les peuples autochtones, accentuant ainsi la marginalisation dont ils sont victimes. Des écarts que le projet Biodiverse Landscape Fund (BLF) pour l’ouest du bassin du Congo, vise à réduire, en veillant à ce que les populations autochtones, bénéficient de l’accompagnement du personnel soignant. Ces-derniers jouent un rôle crucial dans ce projet en fournissant des soins médicaux, en sensibilisant à la santé reproductive et en renforçant les capacités des populations locales, en matière de soins médicaux basiques. Ce qui implique une éducation aux services de la santé reproductive, mais aussi la sensibilisation à l’importance de la planification familiale, ce qui contribue à améliorer la qualité de vie des femmes et des enfants.

Mme Tibouo Estelle.

C’est alors qu’intervient l’action de Plan International Cameroon ; représenté à l’atelier par Mme Tibouo Estelle : « le programme BLF court sur 7 ans, et couvre le Cameroun, le Gabon et le Congo. Plan International Cameroun, en partenariat avec United Kingdom International Development, va se charger d’implémenter 2 des 8 axes d’intervention. Il s’agira d’aider les communautés à avoir une meilleure alimentation, faciliter l’accès aux soins, promouvoir une meilleure hygiène de la jeune fille et la santé de la reproduction des femmes, sans oublier la lutte contre les violences basées sur le genre. Tout ceci dans le souci d’assurer le bien-être des populations qui sont les plus marquées par les changements climatiques, car toute leur vie repose sur la ressource naturelle accessible ». En travaillant avec les communautés locales, le projet encourage des pratiques de gestion durable des ressources naturelles. Cela inclut la protection des forêts et la promotion de l’agroforesterie, ce qui aide à préserver la biodiversité tout en fournissant des moyens de subsistance durables.

Lumière sur l’histoire de Suzanne Mouli, 1ière jeune fille parrainée par Plan International Cameroon

Cette volonté va en droite ligne avec les efforts globaux pour lutter contre les changements climatiques, qui ne sont pas seulement un problème environnemental, mais aussi et surtout économique, socioculturel, sécuritaire, et humain. Il est à noter qu’un projet similaire est en cours d’exécution à Plan International Cameroon : Climate Smart Agriculture and Livelihoods program. Un travail préalable a donc été fait afin d’identifier les groupes cibles de femmes, de filles, des groupes de jeunes, des structures décentralisées, des agents de santé communautaire, pour la mise en œuvre des activités au sein des communautés, avec les agents de santé. Il est récurrent que le sujet de la vaccination fasse l’objet de divergence d’opinion au sein des communautés autochtones, mais le projet prévoit de mener des activités de sensibilisation avec les leaders locaux. Pour anticiper sur toutes formes de résistance, à l’action de prévention des cas de maladies, qui sévissent très souvent au sein des communautés locales.

M. Samuel Neba Nebaneh

Pour mieux comprendre la nécessité d’associer le volet santé de la reproduction dans le projet BLF, M. Neba Nebaneh Samuel, Coordonnateur du projet auprès de ZSL (Zoological Society of London) nous a confié : « les populations indigènes sont les premiers acteurs de la conservation, la composante santé est incontournable pour la bonne marche de ce projet. Etant donné que la population de 0-18 ans fait partie des bénéficiaires du projet, nous avons inclut Plan International Cameroon, qui est le mieux habileté à travailler avec cette tranche de la population. Nous veillons à la conservation pour les générations futures, par conséquent, la santé de la reproduction des populations est notre moteur pour la réussite du projet ». Le projet implique activement les communautés autochtones dans la prise de décision et la gestion des ressources naturelles. Cela renforce leur capacité à protéger leur environnement et à maintenir leur santé reproductive.

Dr. Yves Ndjel

Sous la supervision générale des cadres du Minsanté,  accompagnés des agents de santé locaux, les initiatives de santé engagées dans le cadre de ce projet seront intégrées aux efforts de conservation. Une garantie que les communautés bénéficieront à la fois de soins de santé de qualité, mais aussi d’un accompagnement dans l’adoption de pratiques durables qui protègent l’environnement. Dr. Yves Ndjel, Sous-Directeur de la santé de la reproduction à la Direction de la santé familiale au Minsanté affirme : « il est de notre responsabilité de célébrer la maternité, car la crise climatique affecte tout le monde, c’est un défi des temps modernes, qui freine les efforts d’atteinte de l’accès à la santé pour tous. La région de l’Est Cameroun, avec la réserve de biosphère du Dja, qui est une grande source de biodiversité, connait pourtant un taux élevé de mortalité infantile, due aux mauvaises pratiques, liées à l’ignorance des populations. Seulement 57%  des naissances compris entre 3 mois et 12 ans ont pu recevoir les vaccins obligatoires ». Le projet BLF viendra donc renforcer l’action gouvernementale en matière de santé de la reproduction, un accent particulier étant mis sur les populations autochtones, les plus marquées par les revers du dérèglement climatique.

Ange ATALA