Le théâtre de la verdure de l’Alliance française de Garoua a fait sa mue en cette soirée du 2 janvier 2025, pour accueillir la 3ième édition de la « nuit des communautés ».
C’est un musée à ciel ouvert qui a donné la latitude aux visiteurs d’admirer les prouesses artistiques et acrobatiques, lors de l’exécution des numéros de danses, chants, et diverses prestations scéniques. « Avant nous faisions ça seulement dans nos villages retirés, maintenant nous sommes contents de venir en ville présenter notre culture » ainsi s’est exprimé Boubakari Bello, élève en cycle secondaire, membre de la tribu Guibdjol, venu accompagner sa troupe pour exécuter la danse « Wadjabe », très peu connue du grand public. Etaient également présents les membres de la communauté Fali (qui ont exécuté la danse traditionnelle Zoa, voire photo en titre) .

Boubakari Bello ( le 1ier de la gauche vers la droite) en compagnie de sa troupe de danse).
La région du Nord du Cameroun est un véritable carrefour culturel et ethnique! La ville de Garoua qui en est le chef-lieu, recueille une dizaine de communautés dont les plus connues sont :
- Les Peuls : le groupe ethnique majoritairement reconnu pour ses pratiques de l’élevage pastoral.
- Les Mbororo : la sous-ethnie des Peuls, connue pour leur mode de vie nomade.
- Les Foulbé : majoritairement reconnus pour leurs pratiques d’une agriculture résiliente, qui déjoue les pronostics du climat désertique.
- Les Guidar : principalement présents dans la ville de Guider, ils sont connus pour leur artisanat et leurs traditions orales.
« L’année 2025 commence magnifiquement bien ! Les communautés sont très importantes, car elles véhiculent la culture de nos régions d’origine, pour valoriser ce qui ne se montre pas habituellement, et exporter un savoir-faire local » nous a confié Mme Hyacinthe Porcher, Directrice de l’Alliance française de Garoua, cumulativement Consule Honoraire de France dans les 3 régions septentrionales du Cameroun. Dressant le bilan de l’année écoulée au passage, elle nous a partagé ses vives émotions d’avoir accompagné plusieurs talents du domaine artistique, à l’instar du groupe de musique « Baladji Kwatta », ou encore de l’acrobate « Terminator ».

« Terminator » effectuant son numéro d’acrobatie, une affirmation de sa dextérité.
En faisant la promotion de la culture locale, l’Alliance française de Garoua entend créer un sentiment de cohésion sociale au sein des différentes populations originaires de cette région. La culture renforce le sentiment d’appartenance et d’identité au sein d’une communauté, ce qui favorise l’équilibre social. Une société unie est plus résiliente face aux défis économiques et sociaux, parmi lesquels nous décrions les phénomènes tels que : les mariages précoces, la sous-scolarisation des jeunes filles, et plusieurs autres pratiques culturelles néfastes au developpement.
Par cette initiative, les organisateurs entendent transmettre des valeurs culturelles et des connaissances traditionnelles, pour enrichir l’éducation des plus jeunes, en la contextualisant. Autre fait marquant, c’est l’économie créative qui en résulte ; les industries culturelles (artisanat, musique, cinéma, etc.) génèrent des emplois et des revenus. Sans oublier de mentionner le fait, que le patrimoine culturel et les traditions attirent les touristes, ce qui constitue une source importante de devises dans la région.

Les filles et les femmes , également représentées.
Ce sont autant d’ingrédients qui, mis ensembles, permettent de favoriser le dialogue interculturel, dans une région en proie aux méfaits du dérèglement climatique. La sècheresse, les inondations, ou encore l’érosion des sols, entraînent la perte de la biodiversité, avec pour conséquence la réduction des ressources naturelles en partage. Une situation qui est à l’origine des querelles ethniques, et des guerres intestines pour le partage équitable de la terre, pourtant reçue en héritage.
Pour faire face à ces nouveaux défis, il est impératif d’apprendre à connaître et à respecter les cultures des autres, pour une collaboration saine au sein des communautés, et la réduction des conflits. En outre, les pratiques culturelles traditionnelles peuvent offrir des solutions durables aux défis environnementaux. Par exemple, l’architecture traditionnelle peut inspirer des techniques de construction plus écologiques. En somme, la culture enrichit le tissu social, dynamise l’économie, et offre des perspectives innovantes pour le développement durable. Elle est un pilier incontournable pour bâtir des sociétés inclusives et prospères. C’est en scandant les meilleurs vœux pour l’année qui débute, dans un souffle nouveau, que le public venu nombreux, riche et diversifié, a clôturé en sons et couleurs, la nuit des communautés à l’Alliance française de Garoua.
Ange ATALA