La journée portes ouvertes de Kokopelli le 13 septembre souligne le potentiel de transformation de l’agroécologie. Son modèle de semences libres et reproductibles constitue une ressource précieuse à partager avec les initiatives africaines comme YALITIA en Côte d’Ivoire, où les jeunes redéfinissent l’agriculture durable.
Samedi 13 septembre 2025, Kokopelli accueille une journée festive et conviviale de portes ouvertes consacrée au jardinage biologique et à la biodiversité. Cet événement incarne bien plus qu’une simple visite : il représente une démonstration vivante de la valeur ajoutée que l’agroécologie apporte aux systèmes alimentaires locaux et régionaux. Kokopelli est connue pour son engagement inébranlable en faveur de la préservation des semences anciennes et non hybrides, encourageant l’utilisation de variétés traditionnelles et promouvant l’agroécologie comme alternative aux méthodes agricoles conventionnelles.
La valeur ajoutée de cette approche agroécologique de Kokopelli va bien au-delà de la simple production de semences. Elle crée un modèle intégré où la préservation de la biodiversité génétique s’accompagne d’une transformation profonde des pratiques agricoles. Sur des fermes agroécologiques en Belgique et en France, des producteurs cultivent près de 80 variétés de légumes, fleurs et plantes aromatiques, multipliant les semences selon les principes agroécologiques. Cette diversité cultivée génère un écosystème agricole résilient, productif et durable.
Cet écosystème agroécologique crée une chaîne de valeur remarquable. Les semences libres et reproductibles que Kokopelli promeut permettent aux agriculteurs de réduire leur dépendance aux grandes entreprises semencières et de renforcer leur autonomie. Les pratiques agroécologiques, fondées sur la biodiversité, l’absence d’intrants chimiques et la régénération des sols, produisent une alimentation plus saine et plus nutritive. Les produits proposés sur les événements de Kokopelli sont issus de l’Agriculture Biologique, cultivés en agroécologie certifiée depuis 25 ans, produisant du blé, de l’orge, du petit épeautre, des féveroles, du soja, des légumineuses et fruits en harmonie avec les écosystèmes locaux.
Cette valeur ajoutée constitue une opportunité majeure de partage d’expérience avec les pays africains. La Côte d’Ivoire et d’autres nations d’Afrique subsaharienne possèdent des conditions écologiques exceptionnelles pour l’agroécologie : climat tropical fertile, diversité génétique des plantes, traditions agricoles ancestrales favorables. Le modèle Kokopelli de semences libres et de biodiversité cultivée pourrait transformer radicalement l’agriculture côte-d’ivoirienne, permettant aux petits paysans d’améliorer leur productivité tout en régénérant les sols dégradés.
C’est précisément dans cette logique que s’inscrit YALITIA, une initiative de jeunes volontaires en Côte d’Ivoire qui organisent un boot camp consacré à l’agroécologie. YALITIA représente une mobilisation novatrice des jeunes africains pour inventer une agriculture durable, équitable et productive. L’expérience accumulée par Kokopelli en matière de semences reproductibles, de gestion agroécologique et de valorisation de la biodiversité offre un potentiel extraordinaire de collaboration.
Les jeunes de YALITIA pourraient bénéficier directement de l’expertise de Kokopelli sur plusieurs dimensions. D’abord, le transfert de connaissance sur les variétés de semences adaptées aux contextes africains : Kokopelli travaille depuis des décennies sur l’adaptation de variétés anciennes et nouvelles à différents environnements. Cette expertise pourrait aider YALITIA à sélectionner et développer des variétés optimales pour les sols et climat de Côte d’Ivoire. Ensuite, les techniques agroécologiques documentées par Kokopelli—gestion des sols, biodiversité fonctionnelle, cycles biologiques—pourraient être adaptées et enseignées aux jeunes agriculteurs ivoiriens dans le cadre du boot camp.
Kokopelli organise des ateliers pratiques, des formations et des informations sur les semences, sensibilisant le grand public à ces enjeux essentiels de préservation de la biodiversité. Ce modèle éducatif pourrait être reproduit en Côte d’Ivoire. YALITIA pourrait organiser des immersions agroécologiques inspirées par l’exemple de Kokopelli, combinant formation théorique, pratique au champ et célébration communautaire de l’agroécologie.
La portée du partage d’expérience transcende la simple transmission technologique. C’est aussi une question de souveraineté alimentaire et d’empowerment. Kokopelli encourage l’utilisation de variétés traditionnelles et promeut l’agroécologie comme alternative durable aux méthodes agricoles conventionnelles. Pour la Côte d’Ivoire et les jeunes de YALITIA, cette philosophie signifie réappropriation des semences locales, valorisation des savoirs paysans ancestraux et construction d’une agriculture qui répond aux besoins réels des populations plutôt qu’aux exigences des marchés mondiaux spéculatifs.
La campagne de Kokopelli intitulée « Cultivons-Nous » incarne précisément cette philosophie transformatrice : cultiver des plantes, cultiver du savoir, cultiver une conscience écologique. YALITIA pourrait adapter cette campagne au contexte ivoirien, invitant les jeunes à cultiver non seulement des légumes et des cultures, mais aussi une génération nouvelle de leaders agroécologiques conscients des enjeux environnementaux et sociaux.
Les possibilités de collaboration sont multiples. Un programme d’échange pourrait permettre à des volontaires de YALITIA de participer à des journées portes ouvertes comme celle du 13 septembre, d’observer les fermes agroécologiques en France ou en Belgique, et de documenter les meilleures pratiques pour les réadapter en Côte d’Ivoire. Réciproquement, Kokopelli pourrait envoyer des conseillers participer au boot camp de YALITIA, partageant expertise et encouragement aux jeunes africains.
La journée festive de Kokopelli du 13 septembre rappelle que l’agroécologie n’est pas qu’une technique : c’est un mouvement social et convivial de transformation. Cette convivialité, ce partage d’expérience, cette fierté collective face à une agriculture régénératrice—c’est exactement ce que YALITIA cherche à cultiver en Côte d’Ivoire. En unissant les énergies, les savoirs et les visions entre Kokopelli et les jeunes volontaires africains, on ne fait pas seulement de l’agriculture durable : on construit les bases d’une alimentation juste, résiliente et profondément enracinée dans la dignité des peuples africains.
Gerard ENONE NNOKO
