Au Cameroun, JVE Cameroun (Jeunes Volontaires pour l’Environnement) mobilise les communautés lors de la Journée mondiale de l’alimentation pour démontrer que l’agroécologie est bien plus qu’une technique : c’est un acte de justice climatique.
Le 16 octobre 2025, lors de la Journée mondiale de l’alimentation, JVE Cameroun s’est déployé sur le terrain pour affirmer une vérité politique majeure : l’agroécologie est l’approche adaptative capable de garantir la sécurité alimentaire tout en assurant la justice climatique. Ces jeunes volontaires camerounais ne se contentent pas de théoriser ; ils construisent, jour après jour, une transition agricole qui redonne le pouvoir aux communautés locales.
Pour JVE Cameroun, l’agroécologie n’est pas une technique marginale. C’est une révolte contre l’injustice climatique. Le Cameroun, confronté à une déforestation accélérée, à l’érosion des sols et aux variations climatiques imprévisibles, voit ses populations paysannes appauvries par des modèles agricoles imposés de l’extérieur : monocultures, engrais chimiques, dépendance aux énergies fossiles. Ce modèle a enrichi les corporations multinationales tout en contribuant massivement aux émissions de gaz à effet de serre. JVE Cameroun inverse cette dynamique : elle redonne aux communautés le contrôle de leurs systèmes alimentaires.
Les jeunes de JVE Cameroun mobilisent les populations autour d’activités agroécologiques génératrices de revenus : agroforesterie, culture du cacao agroécologique, apiculture en zones de forêt, production d’huiles durables, aviculture. Chacune de ces pratiques représente un héritage écologique adapté au Cameroun, qui restaure les écosystèmes dégradés tout en sécurisant l’alimentation et les revenus des communautés. C’est la justice climatique en action : les populations les plus affectées par le changement climatique accèdent aux ressources leur permettant de s’adapter tout en prospérant économiquement.
JVE Cameroun crée aussi des structures d’empowerment. L’agroécologie favorise l’emploi des femmes rurales, des jeunes et des personnes marginalisées à travers des micro-entreprises de transformation et de distribution. C’est une reconnaissance que la justice climatique est profondément sociale et genrée. Les femmes rurales, historiquement exclues des décisions agricoles, deviennent des agentes de leur propre sécurité alimentaire. Les jeunes, refusant l’exode rural, construisent une agriculture réinventée et dignifiante.
La résilience est aussi au cœur de la stratégie de JVE Cameroun. Contrairement aux monocultures vulnérables à la sécheresse ou aux inondations, l’agroécologie mélange cultures, arbres fruitiers, élevage et apiculture. Si une production échoue, d’autres assurent la sécurité alimentaire. Pour le Cameroun, où les variations climatiques s’intensifient, cette diversification n’est pas théorique : c’est une question de survie.
À travers leur mobilisation lors de la Journée mondiale de l’alimentation, JVE Cameroun démontre que la transition agroécologique n’est pas une utopie. C’est une transformation en cours, portée par une génération déterminée à construire, concrètement, un Cameroun nourri, résilient et climatiquement juste.
Blondel SILENOU
