COP30 : L’ULTIMATUM CLIMATIQUE DU BRÉSIL

Face aux deux années les plus chaudes jamais enregistrées, la COP30 au Brésil s’annonce comme un moment critique pour l’action climatique mondiale. L’enjeu : forger un front uni contre le changement climatique malgré les défections diplomatiques et la montée du climatoscepticisme.

La 30e conférence des Nations unies sur le climat se tiendra du 10 au 21 novembre à Belem, au cœur de l’Amazonie brésilienne. Ce rassemblement s’impose comme un rendez-vous incontournable face à l’ampleur croissante de la crise climatique mondiale. Les deux dernières années ont établi des records historiques de température, tandis que la multiplication des canicules extrêmes, des tempêtes meurtrières et des phénomènes météorologiques violents démontre l’accélération du dérèglement climatique. Dans ce contexte de chaos climatique croissant, la COP30 porte l’immense responsabilité de renforcer et d’accélérer l’action climatique planétaire.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a choisi délibérément Belem pour cette conférence capitale, estimant essentiel de placer l’Amazonie au cœur des débats climatiques mondiaux. Cette région, qui joue un rôle régulateur majeur pour le climat de la planète, incarne l’urgence de la protection des écosystèmes face au changement climatique. Le choix stratégique de tenir ce sommet en Amazonie rappelle que la crise climatique ne se limite pas à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais engage aussi la préservation des puits de carbone naturels essentiels à l’équilibre climatique global.

L’enjeu central de cette COP30 demeure particulièrement périlleux : construire un consensus climatique face aux vents contraires géopolitiques. Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, malgré leur statut de plus grande puissance économique et climatique, représente un coup dur pour l’action climatique mondiale. Cette défection majeure intervient à un moment critique où la communauté internationale devrait redoubler d’efforts pour respecter les objectifs de limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius. La montée du climatoscepticisme et les guerres commerciales compliquent davantage la tâche de mobilisation collective face à la crise climatique.

Simon Stiell, secrétaire exécutif chargé du changement climatique à l’ONU, a rappelé que « les vrais progrès arrivent » dans la dernière ligne droite des négociations. Ces progrès sont désormais vitaux : les attentes sont extrêmement élevées après les deux années les plus chaudes jamais enregistrées, marquées par des événements climatiques dévastateurs rappelant la gravité du dérèglement climatique en cours.

Cependant, contrairement aux deux dernières éditions qui ont produit des accords symboliques sur les énergies fossiles et la finance climatique, les experts n’attendent pas de grands accord à cette COP30. Les Brésiliens préfèrent privilégier la mise en œuvre effective des engagements climatiques déjà pris, dans un contexte où le multilatéralisme climatique est fragilisé par les remises en question et les retraits diplomatiques. Cette approche pragmatique reflète une prise de conscience : l’urgence climatique impose de se concentrer sur l’application concrète des mesures déjà décidées plutôt que de négocier éternellement.

La question du financement climatique reste l’un des obstacles majeurs. Les pays en développement, particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, attendent des pays riches une mobilisation financière à la hauteur de l’urgence. Cependant, André Correa do Lago, président de la COP30, reconnaît candidement qu’il existe « de multiples demandes, des promesses plus limitées ». Cette asymétrie révèle une profonde méfiance entre les pays riches et les pays pauvres concernant la répartition équitable de la charge climatique. L’an dernier, la COP29 a fixé difficilement un nouvel objectif de 300 milliards de dollars annuels d’aide climatique d’ici 2035, montant largement insuffisant au regard de l’ampleur des besoins face au changement climatique.

Lula, qui s’est engagé à ralentir la déforestation au Brésil, a promis une « COP de la vérité ». Pourtant, le contexte géopolitique demeure fragile : l’Union européenne peine à finaliser son nouvel engagement climatique pour 2035, la Chine affiche des objectifs minimalistes, et les États-Unis ne devraient pas envoyer de délégation officielle. Face à ces défaillances des grandes puissances, l’ambition climatique mondiale s’en trouve affaiblie au moment précis où le changement climatique accélère ses impacts dévastateurs.

La COP30 au Brésil symbolise une gageure : peut-on mobiliser l’humanité autour d’une action climatique unie et décisive, alors que les climatosceptiques gagnent du terrain et que les grandes puissances se désolidarisent ? L’enjeu n’est plus académique : il concerne la survie même de nos systèmes climatiques et la capacité de la civilisation humaine à s’adapter aux bouleversements climatiques qui s’accélèrent.

NEBA Marvin noel